TEMOIGNAGE SUR L’ECOLE ....d’AVANT

Mémoire Vivante du Plateau d’Avron ayant pour objectif avec des souvenirs d’anciens ...(toujours là) ...de faire connaître à ceux nouvellement installés sur « notre Plateau » tout comme aux jeunes avronnais ce qu’étaient des aspects de la vie de ce village « intercommunal » . C’est avec un grand plaisir qu’à l’occasion de la rentrée scolaire 2011/2012 , à la demande de la Présidente Annie Pitolet , j’apporte ma contribution à cette action , laquelle comme d’autres , au-delà de l’association, racontent l’histoire locale , permettant à tous de réveiller ( ou de se créer ) « des racines » locales .
Ces souvenirs de Charles Vavassori , repris ci-dessous, ont été publié dans le N° 27 d’Octobre 2011 de la publication « La Gazette » que l’on peut retrouver dans leur site www.plateaudavron.fr

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Mes souvenirs scolaires remontent à la période d’immédiate « après guerre ». Les écoles avronnaises , trop petites pour accueillir les générations montantes avaient nécessité la réalisation de 2 classes annexes en bois sur pilotis à un mètre de hauteur , situées sur un terrain à l’angle de la Grande Avenue ( aujourd’hui Ave Daniel Perdrigé) et de la Rue Xavier Goût .(*)

(*) à titre anecdotique cette rue Xavier Gout, occupée pour l’essentiel par de petites maison de la communauté d’italiens bergamasques, était une voie non goudronnée et sans trottoir , envahie par les herbes . Les riverains avaient fini par la dénommée, non sans humour : « le boulevard Fait d’Herbe » ...

Sur la photo ci contre (une des rares existantes) on peut voir ces classes en arrière plan avec leurs tuyaux de poêle.

En ce temps là les enseignants s’appelaient Mr Maire , Mr Erre et Mr Desbordes pour les garçons et Mme Erre , Mme Camielleri et Mme Desbordes pour les filles.
A cette époque , dans la tradition de l’école de la république de Jules Ferry, il y avait une école pour les filles et une autre pour les garçons ....sauf pour les deux classes en bois !!

L’ une était occupée par les garçons de CE1 ( instit Mr Maire) et l’autre par les filles ( instite Mme Erre ). Pour les récréations les filles rejoignaient la cour de l’école des filles et les garçons celle de l’école des garçons situées de l’autre côté de la Grande Avenue .

Ce qu’il était facile de régler pour la récréation , l’était beaucoup moins pour les besoins naturels des enfants en dehors des récréations . Cela auraient nécessité la traversée de la Grande Avenue pour se rendre dans les water de chacune des écoles ......et il aurait fallu les accompagner pour des raisons de sécurité .
Aussi sur le terrain ou avaient été édifiées les deux classes en bois avait été construit , pour des raisons pratiques, un water rudimentaire « de campagne » très présent encore dans ma mémoire comme celui de son mode de fonctionnement . Il consistait en une petite cabane en bois également sur pilotis avec deux places séparées ( une pour les filles l’autre pour les garçons) ....et en dessous de chacune de ces places deux lessiveuses dont je vous laisse imaginer ce qu’elles recueillaient . Bien évidemment il n’y avait pas de chasse d’eau...et d’ailleurs il n’y en avait pas besoin puisque « tout » tombait directement dans la lessiveuse....

Depuis la classe les « instits » par les fenêtres pouvaient surveiller si les enfants ne s’éternisaient pas ou ne jouaient pas durant cet intermède « exceptionnel » lequel permettait d’ échapper à quelques instants de grammaire ou de mathématique ....

Aujourd’hui ce type de « commodité » ferait scandale chez les parents d’élèves , mais à l’époque beaucoup de maisons n’étaient pas équipées de salle de bains ou de water......et dans notre Plateau d’Avron campagnard, les water ( appelés cabinet) étaient situés dans la fameuse « cabane au fond du jardin » chanté par Francis Cabrel .
On notera aussi qu’une bonne partie des élèves des deux sexes était issue de l’immigration italienne d’ouvriers travaillant dans les carrières de gypse sous le Plateau d ‘Avron. Ils habitaient pour la plupart avec leur famille, souvent nombreuse, dans des conditions rustiques, souvent sans eau ( sauf celle du puits et de la pluie) et que ce type de « lieu d’aisance » qui fait faire la moue aujourd’hui , n’apparaissait pas anormal ...

Enfin ...la question vient tout naturellement  à la bouche des enfants auxquels il m’est arrivé de raconter cette histoire : Et quand les lessiveuses étaient pleines ???

C’était tout simple . A cette époque le Plateau d’Avron c’était la campagne avec ses jardins , ses poulaillers et clapiers ou ses 8 fermes . Il y avait un concierge de l’école qui s’appelait Mr Gillet . Celui-ci , au lieu et place du dernier agrandissement de l’école qui date des années 1951/52 ( face au pharmacien ), cultivait un jardin potager et lorsque les lessiveuses des water des classes en bois étaient pleines.... il venait les chercher avec sa brouette .
Deux élèves de la classe des garçons ( les filles étaient dispensées de cette corvée ...) étaient désignés souvent comme punition pour prêter main forte à Mr Gillet pour mettre les lessiveuses sur sa brouette . Je passe sur les détails ....

Autre question dans la logique enfantine  : Que faisait-il de son contenu ???

Il faisait ce que faisaient tous ceux qui chez eux faisaient leurs besoins dans « la cabane au fond du jardin » ou dans des seaux hygiéniques  : il versait le contenu dans un coin de son jardin ou se trouvait le tas de fumier de son poulailler ou de son clapier ( aujourd’hui on appelle ça du « compost » ) . Ce fumier « bien engraissé naturellement  » était utilisé au moment du bêchage d’hiver et de printemps, comme engrais ..... Cela donnait par la suite une production de légumes magnifiques ...et goûteux . Aujourd’hui on engraisse le sol avec des engrais chimiques.... !!

Les enfants étant insatiables sur l’intérêt qu’ils portent au passé pour peu qu’on leur en parle ( et c’est réconfortant ) je n’en finirais pas de reprendre leurs questionnements sur  « l’école d’avant »  ...aussi pour en terminer j’aborderais juste une des questions de logique de gamin , qui va avec la rentrée automnale et bientôt l’arrivée de l’hiver :

Vous vous chauffiez comment en hiver ?? 

Ces classes étaient équipées d’un poêle à charbon situé au fond de la classe ( photo ci contre) . Des élèves à tour de rôle avaient en charge le matin de venir plus tôt pour vider les cendres , de le remplir de charbon et de l’allumer pour commencer à chauffer la classe .
Il n’était pas rare de commencer la classe avec le manteau ......et le bout des doigts « gelés » ...
Le charbonnier du Plateau (Squillario de l’Avenue du Centre ) livrait le charbon en petite quantité chaque semaine . Le charbon était stocké sous les classes lesquelles , rappelons le, étaient élevées sur pilotis. D’autres élèves étaient chargés de remplir le seau à charbon pour ceux qui avaient la responsabilité du poêle qu’ils allumaient mais aussi « rechargeaient » au moment des récréations .

Laisser ça à des enfants n’était_il pas dangereux ???

Non, car ils avaient l’habitude chez eux. L’utilisation du charbon et d’un poêle était le moyen habituel de chauffage ....et ils participaient souvent à la « corvée » de charbon et de poêle sans se plaindre... s’ils voulaient avoir une température « acceptable » dans la seule pièce chauffée ....mais là c’est une autre histoire qui concerne le mode de vie sociale à l’époque , au sortir de la guerre jusqu’au début des années 60.
La photo ci-contre qui date des années 1948/1949 permet de visualiser cette réponse ( des anciens s’y reconnaîtront ) On aperçoit le tuyaux du poêle , poêle protégé par une grille à laquelle l’instit , Mr René Maire, était adossé ....pour se réchauffer .

( vous pouvez retrouver d’autres photos anciennes des différentes générations d’écoliers avronnais avec des noms , dans  « ’Histoire des Ecoles » dans les pages suivantes du présent site www.plateau-avron.com )

Merci à Annie PITOLET qui m’a demandé mon concours sur ce thème des souvenirs d’école , souvenirs qu’elle partage avec moi et d’anciens avronnais pour avoir tous connu « notre école d’avant » au Plateau d’Avron .

Charles VAVASSORI
avronnais avant tout

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