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Monsieur l’Abbé Ernest L A F O R G E 1876 - 1943 Nous avons vu dans la page précédente que l’Abbé Ernest Laforge a été l’un des artisans de la décision de construire au Plateau d’Avron une église dédiée à la Vierge Marie. Aussi nous ne pouvons évoquer cette église sans évoquer la mémoire de cet ecclésiastique qui a marqué toute une génération d’adultes et d’enfants du Plateau d’Avron . Pendant les 21 ans qu’il passât comme curé de Saint Henri il se dépensa sans compter pour ses paroissiens nocéens et avronnais . Il montait ( et redescendait) à pieds depuis l’autre bout de la commune ( St Henri / La Maltournée) jusqu’au plateau d’Avron , quel que soit le temps , été comme hiver , pour dire la messe dominicale ou pour accompagner les défunts depuis leur domicile jusqu’à l’église puis jusqu’au cimetière comme c’était l’usage à cette époque. Né en 1876 à la frontière Suisse ou son père était négociant en vins et alcools il connut une vocation tardive Il fit ses études au Grand Séminaire de Versailles. Il dit sa première messe dans une chapelle d’un orphelinat d’Elancourt dédiée à Notre Dame de l’Assomption . Il est permis de penser que la conjugaison de cet évènement avec celui du fait que le Plateau d’Avron était dédiée à la « Reine des Apôtres » ( par Jean Jacques Olier Communuaté de St Sulpice) a conduit à la consécration de la chapelle avronnaise à « Notre Dame de l’Assomption –Notre Dame d’Avron » avec l’accord des chrétienset bienfaiteurs locaux dont Mr André Commecy. L’Abbé Ernest Laforge fit la guerre de 1914-1918 comme infirmier et fut décoré de la Croix de Guerre . Après avoir plusieurs fois refusé le titre honorifique de chanoine de la cathédrale de Versailles ( ce qu’il considérait être une mise à l’écart …..) il finit , sur pressions d’amis , par accepter mais il ne s’accommoda pas de sa nouvelle fonction et sa santé marquant des signes alarmant que lui confirma le corps médical : il démissionna en 1942 à la surprise générale … Il chercha à s’éloigner de la région pour essayer de vivre une retraite paisible .Il avait des amis en Haute Savoie , à Archamps et c’est dans cette région du Salève qu’il souhaitait se retirer , là tout près de la frontière Suisse berceau de la famille. Fervent catholique, latiniste consommé , l’Abbé Ernest Laforge avait pour devise celle de la ville de Genève, (berceau du calvinisme) : « POST TENEBRAS LUX » (c'est-à-dire :Après les ténèbres la lumière). D’anciens paroissiens qui l’ont connu se souviennent de cette devise qui figurait dans un tableau accroché au mur de son bureau au presbytère . On notera au passage qu’au-delà de sa dévotion à la Vierge Marie il honorait aussi Saint François de Sales comme lui originaire de la frontière suisse. Un grand vitrail représentant ce saint se trouve dans Notre Dame de l’Assomption d’Avron. Il est dédié à ses parents Mr et Mme François Laforge .
Toutefois il ne pouvait se séparer aussi vite de ses amis « avronnais » et il revint encore quelques temps s’installer comme il l’écrivait à ses amis savoyards dans une carte postale de l’Eglise : «… dans le voisinage,à Villemomble , près de l’Eglise d’Avron que j’ai fait construire… ». REMARQUE : On ne manquera pas ,par ailleurs , d’être interpellé par la similitude de comportement spirituel entre l’Abbé Ernest Laforge ( à qui l’on doit l’implantation de l’actuelle Eglise du Plateau d’Avron) et Jean Jacques Olier fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice qui séjourna au Château d’Avron ou il implanta pendant 18 ans son séminaire . Tous deux avaient une dévotion profonde pour la Vierge Marie et honoraient St François de Sales . Curieuse coïncidence qui interpelle ….. On notera dans cette correspondance du 14 Juillet 1943 une certaine nostalgie ……un certains désabusement : … « mes confrères m’accaparent pour faire des replacements pendant les vacances » SES DERNIERS INSTANTS Toujours en quête d’un lieu de retraite il retourna quelques temps après en Haute Savoie . Des amis d’Archamps dans un courrier adressé à des paroissiens avronnais ont raconté ses derniers instants :
M .Laforge paraissait fatigué , et surtout très peiné . Quelques confidences ont trahi sa pensée intime , une pensée douloureuse qui pesait lourd sur un cœur usé et minait son pauvre corps. M. l’Abbé Laforge aimait ses anciens paroissiens d’un amour profond et sincère . Il parlait de Neuilly Plaisance avec tant de chaleur et d’affectueux sentiments qu’on regrettait , dans son entourage , pour mlui et pour sa paroisse , la houlette déposée …. Un matin , M. l’Abbé partit ,pour un long voyage , un voyage plus long qu’il ne pensait . Il allait voir d’anciens paroissiens. Il revint le soir exténué , à bout de forces , heureux tout de même d’avoir ce jour retrouvé quelqu’un de ceux qui furent les « siens ». Le lendemain matin , dans la sacristie de l’Eglise d’Archamps, il trébuchait en souriant d’un sourire forcé , celui du malade. M. le curé célébra sa dernière Messe , lentement , pieusement. Il prolongea son action de grâce , malgré les appels réitérés de quelques amis . Il fallait bien que le prêtre, après son dernier Sacrifice , reste en compagnie , un moment encore du Prêtre Eternel qui allait l’appeler bientôt , à l’Autel du ciel . Ce même jour , M le Curé s’alita . Le médecin appelé d’urgence lui accorda encore quelques jours et déclara toute intervention spéciale parfaitement inutile. Vers le soir , le Curé de la paroisse s’approcha du vénéré malade pour lui dire , avec le plus de délicatesse possible , le danger et le devoir . M. le Curé lui demandé simplement un crucifix et le baisa en disant doucement : « Seigneur ,je remets mon âme entre vos mains » Il reçu dans des sentiments de profonde piété , les derniers sacrements .
REPOSER DANS L’EGLISE d’AVRON L’auteur de lettre poursuit son rtécit en ces termes : « Sa seule et dernière volonté , il l’a exprimé clairement au soussigné : « Oh.. oui.. j’aimerais reposer dans ma chère église d’Avron ». Trois jours durant , sans aucune plainte , sans aucun regret , soumis saintement au Bon Vouloir Divin , le cher et vénéré malade attendit l’heure de Dieu . Les Demoiselles Jacques ont fait tout leur possible, pour alléger le poids de la souffrance , et le soussigné ce qui était en son pouvoir ,pour garder une âme toute à Dieu. Le mourant , lui , s’accrochait , jour et nuit à son chapelet . Dans le silence d’une chambre d’agonisant il murmurait , sans cesser de le faire , ses « Ave Maria » ,à voix basse. On entendait souvent pourtant bien prononcer et répéter , avec piété émue : « Maintenant et à l’heure de ma mort ». Son agonie a été douce , très douce . Les yeux fermés , les mains jointes serrant son crucifix et chapelet , il écoutait la recommandation de l’âme faîte à Dieu , part le prêtre et les assistants . Le mourant ouvrit les yeux pour voir , une fois encore , sa sœur et sa belle sœur , venues de Neuilly Plaisance et arrivées , Dieu soit loué , pour recevoir , au nom de sa paroisse , son dernier soupir. Il leur dit simplement : « Merci » . C’est qu’il avait du cœur , beaucoup de cœur ,M. l’Abbé Laforge , le cœur d’un bon prêtre. Nous avons voulu que sa suprême pensée fut pour les âmes autrefois à lui confiées. Il avait combattu le bon combat ..et achevé sa course . Il pouvait se présenter au Souverain Juge et prendre place dans le ciel du bon prêtre.
La dépouille mortelle du vénéré défunt a été transportée , un instant après sa mort au presbytère d’Archamps , ou , exposé au milieu des cierges et des fleurs , elle reçut l’hommage des fidèles de toute une paroisse qui sont venus , dans leur esprit de foi , au nom sans doute d’autres paroissiens , les siens , prier pour son repos éternel et baiser sa main de prêtre , cette main qui chez vous , a si souvent béni , absout et consacré . » L’Abbé Ernest Laforge a été rappelé à Dieu le 28 Septembre 1943 à l’âge de 67 ans
INHUMATION DE SES RESTES DANS L’EGLISE A son décès , en 1943 , il fut inhumé dans le cimetière d’Archamps et ce ne fut que le 19 Octobre 1946 grâce à l’opiniâtreté d’une famille de paroissiens avronnais que ses restes furent ramenés dans « sa chère Eglise » du Plateau d’Avron pour l’édification de laquelle il avait tant bataillé à l’évêché. Il repose au fond de l’Eglise ou ,au dessus de sa tombe une plaque rappelle le souvenir du bienfaiteur André Commecy et de Yvonne Gourgon une paroissienne qui a consacré sa vie à l’Eglise et à la catéchèse des jeunes avronnais qui l’appelaient tous avec respect : « Mademoiselle Yvonne »
Les paroissiens avronnais s’efforcent chaque année d’honorer la mémoire de l’Abbé Ernest LAFORGE à l’occasion d’une messe qui lui est dédiée le Dimanche le plus proche qui suit la date anniversaire de sa mort. Il est a souhaiter que cette tradition du devoir de mémoire se poursuive
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