LA DISPARITION PROGRESSIVE DU CHÂTEAU

On a vu dans la page sur LES SEIGNEURS d’AVRON que Charlotte Bégnine arrière petite fille de Claude Le Ragois de Bretonvilliers qui est à l’origine du château , avait vendu celui ci en 1765 à un Monsieur d’Aguesseau ( fils du célèbre chancelier du Roi) qui le revendit très rapidement au sieur Caminade .

On retrouve dans l’acte de cession au sieur Caminade la description suivante du château :

«  Un ancien château construit sur mondit fief et Seigneurie d’Avron , avec les pavillons , bâtiments de basse cour, colombier à pied , fosses , cour ,jardin et parc clos entouré de murs ou se trouve un pavillon appelé Beauregard et tous les plans et arbres y plantés , contenant le tout environ vingt trois arpents , non compris huit à neuf arpents renfermés dans le bas du dit parc , étant en la Censive de la Baronnie de Villemomble. Plus les terrains et pelouses étant hors dudit Château et parc et qui sont plantés d’arbres à prendre depuis et compris l’allée ci devant plantée en face de la grille du dit château , jusqu’aux vignes de Villemomble , le long du fossé qui borde la dite avenue du côté Nord , et de là , suivant un ancien fossé le long des communs de Rosny et du Chemin du Bois de Neuilli , du côté couchant. De là , en retournant du côté du Midy, le long d’un fossé qui borde les vignes dudit Neuilli , puis en retournant du côté du levant , le long de l’allée qui borde les bois d’Avron, jusqu’à l’angle du même parterre du dit château »

On voit au travers ce descriptif qu’il y a déjà un certain démembrement du domaine .

LE CHATEAU EST CONFISQUE A LA REVOLUTION

Le sieur Caminade le revendit en 1773 à René François GONDOT qui semble avoir été le dernier occupant du château et de ses dépendances . En Octobre 1785 l’ensemble fut vendu à Anne DELPECH ( Veuve de Montmorency) et à cette occasion fut fait l’inventaire évoqué plus haut . Quatre ans plus tard … 1789 …. c’était LA REVOLUTION FRANCAISE …..et Anne DELPECH ( dernière à porter le titre de Dame d’Avron) s’empressa de revendre son acquisition avronnaise dès le 5 septembre 1789 à un dénommé Jean Dupeiron de Lacoste , notable parisien .

Sous la Révolution et comme le furent tous les biens des nobles , le château d’Avron et dépendances de Beauregard furent confisqués , y compris les chevaux , le troupeau de bovins et les mérinos … On peut penser que l’ensemble des richesses le meublant ( voir inventaire) .. « se volatilisèrent » à ce moment …

Avec la Restauration, le domaine revint à son propriétaire , mais l’absence d’entretien du château a lourdement pesé sur son devenir

Ensuite les propriétaires se succédèrent :

-> en avril 1792 la propriété fut adjugée à la criée du département de Paris au « citoyen » Raphael Carle et à la « citoyenne » Thérèse Victoire Hautant son épouse . Cette vente à l’encans fut très contreversée ….

->en août 1794 ( 18 thermidor AN II) la terre de Beauregard fut acquise par le « citoyen de Paris » Claude Alexandre Robert et Marie Magdeleine Langaney sa «  citoyenne épouse ».

L’acte de cette acquisition désigne encore les lieux :

« La terre de Beauregard et domaines utiles en dépendans situés à Avron près Le Raincy , commune de Rosny et Villemomble, district du Bourg de l’Egalité , département de Paris , le tout consistant :

1°) en un cy devant château , deux cours , dans l’une desquelles sont les granges et autres bâtiments propres à l’exploitation avec logement du jardinier et l’autre entouré de fossés pleins d’eau et empoissonnés , revêtus de maçonnerie , contenant le colombier , la laiterie , remise et autres bâtiments .

2°) en un jardin potager , un parc avec trois pièces d’eau empoissonnées, un enclos dans lequel est un pavillon appelé Beauregard , le tout contenant environ 30 à 32 arpents de terre , partie en prés et partie en labours

3°) et 58 à 60 arpents de terres labourables en une seule pièce à pendre depuis la grille du cy devant château jusqu’aux vignes de Villemomble le long de la commune de Rosny et du chemin du Bois de Neuilli et retournant du côté à la forest de Bondy , ainsi que les dits biens poursuivent et comportent …etc …etc … »

DE CESSION EN CESSION LE DOMAINE FUT MORCELLE

Ne sont pas reprises ici toutes les cessions qui ont eu lieu depuis la vente faîte en 1765 par Charlotte Bégnine/Le Ragois , mais en s’appuyant sur le descriptif figurant dans l’acte de vente de 1785 (voir plus haut ) on constate que de cession en cession l’ensemble du domaine a été morcelé …et ce qui demeure en place comme bâtiments quelques années après la Révolution sert à l’exploitation agricole des terres du Plateau d’Avron. Le château n’est que simplement cité alors que tout ce qui concerne l’aspect « agricole » est bien détaillé.

D’après les historiens compétents en histoire locale il est estimé que le début du démembrement du domaine a commencé avec la cession du 5 Septembre 1789 à Jean Dupeiron de Lacoste, notable parisien, vente qui conduisit à des ventes successives avec morcellement des terres. Le descriptif ci dessus de la vente de 1794 permet de constater que les surfaces évoquées en arpents sont loin de correspondre à ce que représentait la superficie du domaine et on y donne plus d’importance à la partie du parc « Beauregard » qu’au château lui même .

A partir de cette cession de 1794 le château inhabité ( dont l’intérieur richement meublé- voir inventaire de 1785- avait déjà dû être pillé… ) commença a être mis à bas par les « citoyens » locaux qui y trouvèrent des matériaux à bon compte pour construire leurs maisonnettes . On note dans d’autres documents que progressivement des démolisseurs entreprirent une démolition en règle pour récupérer les matériaux ( parquets , fenêtres, pierre de taille ….) pour les vendre .

C’est ainsi qu’une partie des matériaux récupérés ont servi à l’édification , par le célèbre architecte-écrivain Violet le Duc ( 1814/1879) pour lui même , du « Castel » du 27 Avenue de Rosny au Plateau d’Avron ( voir carte postale datant du début de 1900 ) . Il y a quelques années en creusant dans le sol du jardin entourant cette riche demeure il fut retrouvé un chapiteau ionique qui a été reconnu comme provenant de l’allée de colonnade du château du Ragois de Bretonvilliers. Il avait dû être enterré par les bâtisseurs de la demeure au lieu d’être évacué. On relève dans ce Castel un certain nombre d’éléments provenant du dit château ,comme les cintres des fenêtres en pierre taillée.

LA DISPARITION REELLE DU CHATEAU LUI MÊME

En 1808, les représentants fiscaux de l’époque firent droit à la commune de Rosny (sur le quartier avronnais de laquelle se trouvait le château) à sa demande de réduction de la contribution foncière pour 1809 au motif suivant : « … attendu que le château d’Avron , imposé les années précédentes sur un revenu de 927 livres , avait été démoli depuis 2 ans. » Dans le même temps le propriétaire,Mr Decrécy, exempté de la taxe foncière obtînt également d’être exempté de la contribution mobilière, au motif logique … «… que  le château étant démoli ,il ne pouvait y résider » . Autrement dit d’après cette décision fiscale le château n’existait plus en 1806 ….. Mais , près d’un siècle plus tard, dans le « Recueil Départemental- Etat des Communes «  publié en 1900 et qui fait foi en matière de référence officielle , il est précisé qu’il y a eu une erreur dans les délibérés du Conseil Municipal rosnéen de 1808…..  « car le château à cette époque n’était pas détruit , mais abandonné. Il ne fut démoli qu’en 1850 et encore reste-t-il quelques vestiges . »

Des « vestiges » il en était encore debout dans les années 1945 / 1950 et ilsconstituaient le terrain de jeux et d’aventures des jeunes avronnais. On distinguait encore les voûtes du sous sol remplis de gravats, voûtes qui faisaient rêver à des souterrains mystérieux.. Les emplacements des fossés existaient toujours et dès l’automne jusqu’au printemps ils étaient remplis d’eau . Ce ne fut que dans les années 1960 que furent comblés ces restes de fossés et les voûtes des sous sols . L’emplacement où s’élevait le château est occupé provisoirement depuis plusieurs années par un centre équestre .

A noter que les quelques restes de murs que l’ont peu encore voir en 2006 sur le site du Plateau d’Avron , à l’emplacement du château , ne sont pas des restes du château , mais des murs élevés au début du 20 ème siècle pour délimiter les parcelles au fur et à mesure du morcellement lors des ventes successives du domaine . Les terrains étaient cultivés et les murs étaient parcourus de fils sur lesquels s’étalaient des poiriers en espaliers ,de la vigne mais aussi des pêchers . Ces propriétaires étaient pour l’essentiels des cultivateurs et les murs étaient faits de pierres issues de la démolition du château , liées entre elles au plâtre et remplis en leur centre de terre pour restituer la chaleur et permettre le mûrissement des fruits.

DU PARC de BEAUREGARD à ….BEAUSEJOUR

La partie dite « Beauregard » qui comprenait la moitié du parc et des jardins à la française du château et un pavillon ou se réfugiaient les amoureux ( voir plan des jardins dans une page précédente) était restée entre les mains d’un même propriétaire qui depuis son acquisition en 1845 l’avait mis en culture . Cette parti trouvait au nord sa limite territoriales avec ce qui s’appelle encore « la rue des Murs d’Avron » …avec quelques vestiges de murs de l’époque du parc .

Après la mort du dit propriétaire Charles Graindorge en 1850, ses héritiers finirent par vendre successivement en 1861 et en 1862 les terres qui leur étaient revenues de l’ensemble divisé dans l’héritage. L’acquéreur fût un habitant de Romainville , Louis Victor Soyer , qui s’empressa de diviser l’ensemble en petites parcelles pour en faire en 1862 un lotissement qu’il baptisa « Village de Beauséjour » . Il créa une « Société Immobilière du Village de Beauséjour » à laquelle il revendit le tout divisé en 200 lots de différentes grandeurs, propres à la construction de maisons d’habitations, sirués entre le chemin de l’allées de Caves sur le territoire de Neuilly sur Marne et le Chemin d’Avron à Villemomble . (A noter dans cette désignation que l’allée des Caves est indiquée à Neuilly sur Marne … car la commune de Neuilly Plaisance n’existe pas encore . Elle ne fut crée qu’en Avril 1892)

L’année suivante (1863) il agrandit le lotissement en achetant d’autres parcelles de terrains du parc du château , contigus sur la partie Avron de Rosny , terrains provenant du démembrement du parc de Beauregard . Ces acquistions faîtes il s’empressa de les revendre à la Société Immobilière du Village de Beauséjour …avec quelques bénéfices . L’organisation des rues et des lots de ce quartier ne se sont que très peu écarté de l’organisation de Parc du château . Le rapprochement d’une carte du quartier aujourd’hui et du plan établit à l’ époque du château en témoignent. Louis Victor Soyer ,couvert de dettes, poursuivi par les acquéreurs disparaît de son domicile en 1867 sans laisser d’adresse …..Dans le quartier il a néanmoins sa rue …..

Voilà survolée l’histoire du château que Claude Le Ragois de Bretonvilliers fit construire sur le Plateau d’Avron et comment tout cela a fini …….

Pour tous ceux qui , férus d’histoire, souhaiteraient de plus amples précisions sur la généalogie de la Famille Le Ragois , de leurs possession de Villemomble, Noisy le Sec etc ….ou autres détails sur l’histoire locale nous les invitons à contacter les sociétés historique de la région ( références dans les mairies)

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