LA VIE FESTIVE AU PLATEAU D’AVRON

PETIT RAPPEL

Rappelons que le Plateau d’Avron est un lieu géographique qui domine la vallée de la Marne (Neuilly sur Marne , Neuilly Plaisance ,Ville Evrard ) ainsi que Villemomble et Rosny . Vous avez pu voir dans d’autres pages de ce site combien il doit sa notoriété nationale aux évènements de la Guerre de 1870 .

Cette position géographique l’a ,de tous temps, un peu isolé des villages « d’en bas » et donnait aux « avronnais » un certain goût de l’indépendance….. qu’ils souhaitent toujours cultiver aujourd’hui . Après avoir été rattaché à Neuilly sur Marne jusque vers le milieu de l’année 1800 , le morcellement du site entre Rosny , Villemomble et Neuilly Plaisance a contribué à renforcer chez les « avronnais » un sentiment d’appartenance à une même communauté .

L’historique de la construction du premier bâtiment de l’école , de la salle des fêtes ou de l’Eglise que vous avez pu lire dans le présent site témoigne de l’entêtement mis a disposer d’une véritable vie sociale locale ….et dans les années 1960 la création au Plateau d’Avron de la première des MJC du département est venu confirmer , si besoin était, que ce sentiment demeurait. Certes aujourd’hui avec la voiture , la télévision et l’arrivée de nouveaux « avronnais » etc … le besoin de communiquer ensemble et de bien se connaître , comme partout , s’est un peu émoussé…même si le Plateau d’Avron demeure encore un petit village ou l’on se salue encore dans la rue…

LES PROCESSIONS

Depuis le moyen âge le Plateau d’Avron était le lieu de destination finale de la procession qui honorait tout autant la Vierge Marie que les vendanges et Bacchus …. Cette procession qui partait de l’Eglise Saint Baudile à Neuilly Sur Marne , paroisse de laquelle dépendait les avronnais de l’époque et notamment tous ceux qui vivaient du château ou autour du château , montait sur le Plateau par un chemin qui porte encore aujourd’hui le nom de «  Chemin des Processions  » (à cette époque le quartier qui n’était pas rattaché à Neuilly Plaisance…s’appelait « Le Bois d’Avron » ainsi qu’on peut le voir encore aujourd’hui sur la plaque …avant qu’on ne la fasse disparaître …pour effacer toute trace de ce passé . Il reste encore en place pour d’autres rues quelques plaques de ce type )

Ces processions donnaient lieu ,on l’imagine aisément, à un rassemblement certes religieux en l’honneur de la Vierge…mais aussi festif en l’honneur de Bacchus….

Au début des années 1900 , l’existence de la « Salle des Fêtes » dont la construction fut arrachée de haute lutte par le Syndicat des Propriétaires d’Avron , il dût y avoir un certaines nombre de manifestations festives mais on n’en trouve pas de trace marquante si ce n’est quelques évocations de « bals » dans les correspondances de cartes postales anciennes mais le fait que la place fût dénommé « Place des Fêtes » est un signe qui ne trompe pas .

En tout état de cause la présence de deux importants café-hôtel autour de cette place était très certainement un lieu de convivialité ou les parisiens qui avaient fait du Plateau un lieu de villégiature ne manquaient pas de se réunir ......  ( voir le livre ou au Menu du site la rubrique Le Plateau d’Avron il y a 100ans)

LE RIGOLO’S-CLUB

Sans que personne puisse véritablement nous dire aujourd’hui comment en est née l’idée , on peut très bien imaginer que c’est dans le cadre de ces rencontres dominicales autour d’un verre qu’a vu le jour « Le Rigolo’s Club ». De souvenirs d’anciens les coordinateurs en auraient été les membres de la famille Aubin , bien connue sur le plateau d’Avron . .Dans la Gazette éditée par nos amis de l’association « Mémoire Vivante du Plateau  d’Avron», Pierre Aubin ( petit fils d’Adrien et fils de Jean) raconte régulièrement avec beaucoup de talent ,d’humour et de précisions , ses souvenirs de cette époque et des fêtes qui se sont déroulées ,

Ce « club informel »  qui avait fait de la rigolade son but essentiel L’armoirie reprise ci contre porte comme devise :  « Etat Libre d’Avron . Rire d’abord » …Beau programme . Il animait par ses actions la vie festive du Plateau : fêtes des vendanges , défilés costumés , cavalcade annuelle etc ….etc …

Ces festivités qui étaient réalisée avec le concours de tous les commerçants du Plateau ( Savignac , Teinturier ,Martinelli , Dubaud , Fischer, Jardiné, Rames .. etc …) attiraient un public nombreux ….du Plateau lui-même mais aussi venu .. « d’en bas » ( Villemomble , Neuilly Plaisance , Rosny ). Pour accueillir parfois jusqu’à un millier de personnes les « spectacles  et festivités » se déroulaient sur le glacis que formait le terrain de « l’ancien Bassin » qui servait a alimenter la région en eau potable . ( voir le livre « Dis papy c’est quoi le Plateau d’Avron »)

LA FAUVETTE

Cette association avronnaise dont le nom générique perdure  , a été constituée au cours de l’année 1925 sous le nom de « Société Lyrique et Dansante La Fauvette » avec comme parrain le célèbre Pierre Dac . Elle avait un but beaucoup plus culturel que le Rigolo’sClub  : le théâtre , l’opérette .Certains avronnais amateurs qui se produisait dans la troupe avaient de vrais talents de professionnels . Les représentations attiraient ,là aussi, un nombreux public et la salle des Fêtes jouait souvent à guichet fermé .

A cette activité théâtrale se sont adjointes dans les années 1950 un certain nombre de manifestations culturelles et notamment des expositions de peintures .

On retrouvait parmi la troupe de La Fauvette une partie des membre du Rogolo’s Club et l’esprit de convivialité qui les animait les conduisait à également organiser des sorties et promenades festives comme en témoigne cette ancienne carte postale-photo retrouvée dans une exposition en 2005. La bannière que tient un des participant précise qu’il s’agit de la « Société Lyrique Les Fauvettes » Le « théâtre » de la salle des Fêtes a été transformée en cinéma municipal sous le nom de «  La Fauvette » , rappelant ainsi l’existence de ce passé

LA FÊTE PATRONALE

Les avronnais formant , comme on l’a déjà dit , une communauté très soudée ou tout le monde se connaissait , le clergé n’était pas en reste dans la vie festive du Plateau . Sous l’impulsion de l’Abbé Ernest Laforge dit  « Nénesse » , il apportait son concours avec notamment les enfants du patronage et leurs parents en produisant également des pièces de « théâtre » un peu moins professionnelles mais réunissant tout autant de public dans la salle des fêtes ( parents et amis des jeunes acteurs bien sûr….)

Le fête patronale du Plateau d’Avron en l’honneur de la Vierge Marie se tenait dans le courant du mois d’Août comme en témoignent les correspondances de nombreuses cartes postales anciennes qui évoquent une fête importante et une procession sur le Plateau . Elle donnait lieu , dans le même temps , sur la Place des Fêtes à l’installation d’une fête foraine ( manèges , tirs , balançoires ,chamboule-tout et attractions diverses..) au plus grand plaisir des avronnais petits et grands et de ceux « d’en bas » qui gravissaient les côtes pour monter jusqu’au Plateau d’Avron se divertir .

LES BALS

Cette convivialité , cet esprit festif n’auraient pu exister sans la présence de nombreux « café bals » qui existaient sur ce Plateau d’Avron . Ces bals attiraient de nombreux fervents de la danse non seulement avronnais mais de toute la région et le plus célèbre d’entre eux , connu à plusieurs lieues à la ronde, était sans conteste « LE CASINO » . C’était l’époque dominante du « musette » et l’orchestre qui s’y produisait perché sur une mezzanine était réputé . De nombreux anciens avronnais se souviennent encore d’y avoir fait leurs débuts de danseurs ….et des premières amourettes …

Mais si la « star » des bals était le Casino , il faut retenir que de nombreux cafés organisaient aussi des bals dominicaux … .

Nous citerons notamment :

= Chez Martinelli : « A l’Etoile d’Avron »

(carrefour Ave des Fauvettes /Ave de >Rosny ) ,

= chez Marquaille : « A mon Idée »

( carrefour Chemin des Procession :Ave du Nord) ,

= Maison Phéline : « Aux Marronniers »

( sur la partie Rosny du Plateau au Carrefour Jules Guesde / Danton – Voir photo ci contre prise en 36/37 ? ou de chaque côté du panneau Aux Marronniers on peut lire « Bal ».. C’est un document rare . Aujourd’hui à ce carrefour si le café-bal a disparu durant la dernière guerre il subsiste encore les marronniers qui sont plus que centenaires . On a pu pendant les années 1950 encore voir l’ancienne piste de danse faîte de mosaïque comme c’était souvent le cas dans ce type de café lorsqu’il n’y avait pas une salle de danse spécifique avec une piste parquetée.

Un accordéoniste, un batteur et un joueur de guitare /banjo suffisaient à créer l’ambiance et bien souvent les chansons les plus connues étaient reprises en chœur . La valse , le tango et la rumba étaient les danses à la mode ….

Enfin on dansait également dans la salle des Fêtes …mais aussi sur la Place des Fêtes

Groupe de jeunes avronnais un soir de bal à la Salle des Fêtes

LE REVEIL AVRONNAIS

L’ensemble de ces festivités n’auraient su être sans la fanfare locale « LE REVEIL AVRONNAIS » qui parcourait les rues du Plateau d’Avron suivi d’une « ribenbelle » de gamins et donnait l’aubade à différents carrefour ….sans oublier un concert sur la place des Fêtes sous les applaudissements . Jouer de la trompette donne soif…. , aussi d’aucuns disent qu’ils n’oubliaient pas non plus de s’arrêter aux différents cafés pour donner l’aubade …mais aussi s’humecter le gosier …. Ce sont sûrement des ragots !

COURSES CYCLISTES

Encore une réunion de convivialité qui réunissait annuellement de nombreux avronnais parmi lesquels on comptait de nombreux coureurs cyclistes  : Eyon père et fils , Fabris père et fils , Biava , Roland Triquet , Charles Bertrand ( dit Charlot)…etc … La situation du Plateau permettait d’avoir un circuit réunissant plusieurs aspects de la discipline et la partie « course de côte » n’en était pas la moindre .

Le grand coureur national qui remporta le Tour de France en 1947 ,Jean Robic ,fit l’honneur de participer à plusieurs courses de cyclo-cross dont le circuit alliait la route à travers le Plateau et le cross à travers les carrières …boueuses.

Mr Marquaille le propriétaire du Café « A Mon Idée » (qui se trouvait à l’angle de l’Avenue du Nord et du Chemin des Processions , aujourd’hui transformé en habitation) s’intéressait beaucoup au cyclisme et il subventionnait une course annuelle avec un prix qui portait son nom comme peu le voir sur l’extrait de l’affiche qui annonçait les festivités au Plateau d’Avron du 02 au 11 juillet 1939 . A cette date nous en étions au 13 ème Prix Marquaille …et il y en eut bien d’autres après la guerre …

La Photo ci-dessous a été prise à l’occasion de ce 13 ème prix Marquaille dont le départ avait lieu devant le Café « A Mon Idée » ( en haut à gauche de la photo caché par les arbres ) Les coureurs sont sur l’Avenue du Nord et trournent dans l’Avenue de l’Est . On remarquera que les avronnais assitaient nombreux à ces courses . Ajoutons qu’ensuite , après la course la fête se poursuivait car on pouvait danser dans la salle de bal de ce café …..Avron avait une vie festive …..

Ces deux photos d’époque prise l’une au « départ/arrivée » d’une de ces courses, face à la boulangerie, l’autre devant le « Café à Mon Idée » , donnent une idée de la popularité de ces manifestations qui amenaient de nombreux avronnais à se balader le long du circuit , à se rencontrer , à discuter …..à vivre une vie de village.

Y-A-T-IL UNE VOLONTE DE METTRE FIN A LA CONVIVIALITE AVRONNAISE ???

Les temps bien sûr on changé et toutes ces festivités ne pourraient plus se dérouler aujourd’hui comme hier pour cause de divertissements différents …. et notamment via la télévision et de l’automobile . Ces dernières années pourtant il existait encore sur le Plateau d’Avron quelques reliquats spécifiques de réunions conviviales : une course cycliste de rentrée de saison , la brocante annuelle du mois de Juin , un bal public du 13 Juillet au soir sur la Place des Fêtes ( devenue Place Stalingrad)

De tout cela il ne subsiste plus rien !!! :

= la course cycliste …. à été supprimée …pour cause de difficultés d’organisation et de sécurité ... paraît-il (pourtant comme disait Mère Thérésa : « Quand on veut , on peut  »). Avec un peu de bonne volonté ce type de manifestation pourrait être remise au goût du jour et pourquoi pas en laison avec la ville voisine de Rosny …ce qui permettrait un circuit plus long et plus sportif ..

= la brocante avronnaise , laquelle pourtant attirait une foule nombreuse. Elle permettait aux avronnais de sortir un peu de chez eux …et d’avoir des rapports conviviaux. Elle aussi a été volontairement supprimée , en temps que tel , pour ne plus être en septembre qu’une annexe de celle « d’en bas » …donc plus de réelle animation locale comme avant

= le pt’it bal du soir du 13 juillet, très local et familial … lui , a été purement et simplement interdit en 2006…. au prétexte principal que le bruit que ferait cette fête familiale …gênerait les spectateurs du cinéma municipal «  La Fauvette » !!! proche de la place … C’est ce qu’on apprit les avronnais stupéfaits en prenant connaissance d’un courrier rendu public par l’organisateur de cette réunion festive . L’intérêt particulier a primé sur l’intérêt public de la fête nationale .

Qu’un élu de la République , en l’occurrence le Sénateur Maire Christian Demuynck ,signataire du dit courrier, interdise que l’on danse comme le veut la tradition populaire pour la « FETE NATIONALE » ….dépasse l’entendement . …d’autant que le motif principal mis en avant, a été de ne pas gêner quelques cinéphiles….lesquels n’auraient certes pas demandé mieux que participer aux festivités du 14 Juillet au lieu d’ s’enfermer dans une salle …. ( à noter qu’ une partie de ces cinéphiles n’étaient même pas du coin …à en juger par les plaques minéralogiques des véhicules qui ont stationné ce soir là autour de la place) Peut-être que ce soir là …le cinéma municipal aurait-il pu être fermé ….se sont demandés de nombreux avronnais attachés à cette petite réunion locale sans autre ambition que celle de « Rire d’Abord » suivant la devise du Rigolo’s Club .

Certains ont prévu de se rattraper pour la fête de la musique en faisant un concert de tonneaux sur la place près du cinéma ….. à suivre … Mais qu’ont donc fait les avronnais pour se voir ainsi « punis » de leurs festivités  s'interrogeait ce soir là  un ancien  résistant avronnais,outré, en évoquant une situation historique qu'il avait connu durant la dernière guerre ou le gouvernement Pétain avait interdit les bals des 13 et 14 juillet pour ne pas déplaire ....à l'occupant .

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