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  LES CARRIERES  DE GYPSE SOUS LE PLATEAU d’AVRON

 

                    SOUVENIRS   D’ENFANCE  D’UN  DESCENDANT 
  D’UNE FAMILLE DE CARRIER  BERGAMASQUE



Faisons un tour dans le passé avec les souvenirs d’un jeune avronnais descendant des « Ritals » d’Avron et dont le terrain de jeux avec ses camarades était les carrières et leurs galeries dans les années d’après guerre jusqu’à la fin des années 1950.


Extrait du livre de Charles Vavassori
« Dis Papy C’Est Quoi le Plateau d’Avron »

« Souvenir de jeunesse »

 


SOUS LE PLATEAU d’AVRON : LES CARRIERES DE GYPSE

« … Je n’insisterais pas sur les carrières qui font partie intégrante du Plateau d’Avron que les galeries ont perforé de toutes parts depuis Villemomble , Neuilly Plaisance et Rosny …..et ce depuis près de 600 ans !!

Il n’ y a pas grand risque de se tromper en estimant que le gypse sous le Plateau d’Avron a du être exploité depuis l’époque gallo romaine puis par les mérovingiens mais il devait s’agir d’exploitation artisanale très rudimentaire et à ciel ouvert . On a en effet retrouvé trace de plâtre dans la conception des sarcophages mérovingiens découverts dans des nécropoles mises à jour autour du Plateau .

Les réelles exploitations ont eu lieu en fait de façon plus rationnelle à compter de 1200/1300 , époque ou ont commencé la construction des châteaux sur Avron …..et en tout cas de façon certaine à partir des années 1400. On en trouve des traces dans les documents et cartes .

Il existe d’excellentes documentations et livres sur le gypse et le carrières de la région pour me dispenser d’en parler sous un aspect technique .

Ce que je veux évoquer simplement , c’est plus quelques épisodes de la vie quotidienne d’un gosse du Plateau d’Avron , petit fils et fils de ceux ,qui émigrés italiens ,ont travaillé en générations successives dans ces carrières pendant près d’une soixantaine d’années.

Au début du 20ème siècle , mon grand père maternel travaillait dans les carrières Gabriel à Rosny et était chargé de convoyer le gypse sur des tombereaux jusqu’à la Marne pour y être convoyé par péniche vers des usines à plâtre . Un jour il passa sous les roues du tombereau et mourut laissant 4 orphelins …..Le cheval qui connaissait le chemin par cœur poursuivi son chemin jusqu’ à la Marne…..


Un de mes cousins maternels qui travaillait , plus tard à la réception des wagonnets qui sortaient des galeries pour alimenter les broyeurs en gypse pour faire du plâtre , fut happé par la roue du broyeur et perdit une jambe ….il n’avait pas 20 ans !


Du coté de ma famille paternelle qui eux aussi étaient sur Avron ( coté Rosny) mon grand père , mon père et mon oncle travaillaient avec tous leurs congénères dans les galeries . Le midi j’accompagnai ma grand mère jusqu’à un puit d’aération situé sur l’actuel stade Letessier , ou à un autre sur ce que l’on appelait le « Champs du curé », pour descendre le repas dans une gamelle au bout d’une corde jusqu’à la galerie….50 mètres plus bas …..et l’après midi on venait remonter la corde avec la gamelle vide …. Suivant l’avancement du travail dans les galeries on changeait de puit d’aération..

Mon père eut un moment un travail plus noble ……..il fabriquait à longueur de journée des carreaux de plâtre ….les anciens… faits avec du mâchefer provenant des cendres du four à plâtre. Il y avait ainsi sur place le plâtre et le mâchefer et la vente de ces carreaux de plâtre était rentable .

De temps en temps des accidents plus ou moins graves se produisaient . Du plafond des galeries dont certaines avaient une hauteur pouvant atteindre 20 mètres , une plaque de gypse se détachait: …….et dans le meilleurs des cas blessait des ouvriers ,mais pouvait malheureusement les écraser . . C’était pour eux le risque du métier , risque accepté pour avoir du travail ….


D’autres fois les galeries s’effondraient et remontaient jusqu’au sol ou l’on pouvait voir le ciel 40 à 50 mètres plus haut ….. C’était ce que l’on appelle un fontis ….Lorsque les éboulements de la périphérie comblaient le fond nous nous nous retrouvions face à un énorme entonnoir ……dans lequel , sans en mesurer les dangers encourus, nous descendions jouer. Généralement ce trou , au fond glaiseux donc étanche, était alimenté par la nappe phréatique et se remplissait d’eau formant d’importantes mares ou nous allions y « pêcher » salamandres , tritons , têtards ou grenouilles qui a cetteépoque des années 1950 pullulaient encore dans ces points d’eau !! . Lorsque l’hiver était suffisamment rigoureux les plus inconscients se livraient à des glissades sur la surface glacée Quant aux adultes il n’étaient pas rare d’en voir le week end s’installer avec pliant et canne à pêche pour « taquiner » le goujon ou les tanches que des anonymes y avaient jetés en vue de l’empoissonnement des plus grandes mares .


Coincé dans une galerie …….

Du coté de Villemomble , derrière le quartier des Pique Bœufs il y avait une carrière abandonnée ( dite carrière à Becker) dans laquelle nous allions jouer avec des wagonnets rouillés que nous remettions sur des rails retrouvés ça et là . Un jour , dans cette carrière , je fus emporté par un éboulement et demeurai coincé sous un bloc de gypse ……Les copains m’abandonnèrent … ;et prétendirent à mes parents n’avoir pas joué avec moi ce jeudi là ….. Il fallu l’oreille attentive d’un habitant du bas de la cote du Bel Air pour entendre dans le calme de la nuit mes hurlements et mes pleurs et pour que les pompiers à grand renfort de treuils et de cordes me sortent de là ….sans une égratignure ……mais couvert de glaise et de boue. Après la joie de m’avoir retrouvé sain et sauf …je dû subir les foudres parentales et les fesses m’en cuisent encore à m’en souvenir .

D’autres fois nous réussissions à pénétrer dans les galeries et le jeu consistait à réussir à ne pas se faire repérer par les ouvriers ……en oubliant le danger des risques d’explosion des bâtons de dynamite utilisés pour percer les galeries…..


La guerre des boutons…….avait bien lieu !

Les carrières étaient aussi les lieux d’affrontement avec « ceux d’en bas » , affrontements auprès desquels ceux qui ont lieu dans « la guerre des boutons » faisaient pâle figure . Ainsi nous repoussions les assauts avec les bouteilles de bière à capsule , remplies d’eau et dans lesquelles nous mettions au dernier moment du carbure , que nous capsulions et que nous lancions . Sous la pression du gaz d’acétylène les bouteilles explosaient telles des grenades dispersant les morceaux de verre alentours …… Il n’y eut , par miracle , jamais de blessés !!! Autre « jeu » celui des arcs et des flèches que nous utilisions toujours pour repousser ces assaillants d’en bas qui ambitionnaient de monter sur « notre plateau »…..les flèches étant faites avec des rayons de roues de bicyclette affûtés…… Un jour il y eut un blessé , la flèche s’était planté profondément dans la cuisse d’un assaillant ……cela nous calma et « la bande » à laquelle j’appartenait abandonna les arcs et les flèches à jamais …..
Voilà pour quelques épisodes locaux autour des carrières……….. que de nombreux jeunes avronnais des années 19 48/1958 ont connu et doivent des souvenir .


Pour nous les enfants de ceux qui travaillaient en dessous , le coups de mines qui ébranlaient le plateau ne posaient aucun problème et faisait partie de notre vie quotidienne…..et de celle de nos parents ….

Il arrivait que le « front de taille « de la partie d’exploitation à ciel ouvert avança de telle façon qu’il fallait abandonner des maisons qui finissaient par sombrer dans la carrière . Ce fut le cas notamment à Rosny rue de la Féronne ou à Neuilly Plaisance rue du Midi …

 

Les 100 MARCHES……..

Pour se rendre du Plateau jusque dans la carrière de Neuilly Plaisance pour travailler il fallait passer par « l’avenue des Fauvettes » laquelle avenue était intégrée dans les exploitations de gypse , entourée de fontis qu’elle traversait …….mais cela faisait du chemin….


Aussi les ouvriers avronnais avaient-il trouvé un chemin raccourci qui partait du monument aux morts de 1870 et qui permettait de rejoindre directement l’entrée des galeries .


Ce chemin étant abrupte et glissant les jours de pluie à cause de la glaise , il avaient aménagés des marches partie avec des rondins de boisage des galeries et partie  des pierres ……   et   ce   passage s’appela  
    « les cents marches »  dont on retrouve une évocation dans le parcs des coteaux d’Avron


HOMMAGE AUX BERGAMASQUES


Autre évocation dans ce parc  est celle de l’origine des ouvriers italiens qui très nombreux étaient employés dans les carrières sous le Plateau d’Avron  depuis la fin du 19ème /début du 23ème siècle.


C’est le carrefour de 2 allées du parc dénommé « croisée des bergamasques » qui rappelle que la majorité d’entre eux était originaire de la région de Bergame .   ( Voir l’histoire de ces hommes sous le titre au menu  : Les Ritals du Plateau  dans  le présent site) 


crbCes « 100 marches » traversaient un chemin appelé « Le chemin du prince » ainsi dénommé parce que la tradition veut que le Prince d’Orléans venait s’y promener à cheval depuis le château du Raincy ou il avait ses habitudes .


Napoléon 1er fut aussi un habitué des coteaux d’Avron puisque le chemin qu’il utilisait à l’occasion de promenades qu’il effectuait depuis le château de Joséphine à Noisy le Grand , a pris le nom de « Chemin de l’Empereur »  qu’il porte encore sur le cadastre nocéen .


Le CHEMIN  DE LA FERONNE


chferDu coté de Rosny les ouvriers pour se rendre à la carrière empruntaient le Chemin de la Féronne…..qui se trouva progressivement coupée en deux par des fontis…….qui entraînèrent non seulement quelques « baraques d’ouvriers » (comme celle de ma grand Mère dans les années 1916)….mais aussi les jardins cultivés , les poulaillers et clapiers…..


Il aura fallu attendre une quarantaine d’années et l’approche de la réalisation du Parc Jean Décésari sur le site des anciennes carrières pour que cette rue de la Féronne coupée en deux se voit prendre les noms de Rue de la Féronne Haute et Rue de la Féronne Basse …..pour faciliter le travail du facteur .


Enfin au fur et à mesure que cessait l’exploitation du gypse ,les galeries ont été abandonnées …..aux enfants du jeudi qui trouvaient là des terrains d’aventure hors du commun…. Et il n’est pas un gosse du Plateau de cette époque qui n’y soit pas allé !!


Certaines galeries accueillirent des champignonnistes qui cultivaient le champignon de Paris . La chaleur humide des galeries en faisait un lieu idéal pour cette culture sur fumier de cheval …..


Dans son livre « Les Ruskoffs », l’écrivain Cavanna  (un descendant de « ritals » évoque ces champignons « ultra précieux » qu’il venait chercher sous le Plateau …..
Voilà ce qui intéressait plus les enfants quand ils m’interrogeaient….que de leur parler de l’exploitation du gypse et de la fabrication du plâtre …… ou de la technique de la culture du champignon et c’est pour cela qu’il m’a paru nécessaire de faire état de tous ces petits souvenirs…non historiques … mais qui faisaient la vie d’un jeune avronnais dans les années 1945 à 1955 ou il n’y avait pas la télévision ou les cassettes de magnétoscope ou les DVD pour nous tenir à la maison ou dans les jupons de maman ….

arbre
D’autres plus anciens ou plus jeunes ont certainement des aventures similaires en mémoire ….ou d’autres différentes….

Enfin dans les années 1980 vint l’époque du remblaiement des galeries en raison de leur dangerosité et pour pouvoir utiliser le dessus en parc de verdure au profit de tous.
Une ancienne entrée de galerie a été conservée dans ce parc afin de témoigner d’un passé qui fait partie de l’histoire locale .

 

 

 

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