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ABANDON ET EVACUATION DU PLATEAU d’AVRON

 

Comme dans les pages précédentes , plutôt que de «  réécrire » l’histoire et afin de rendre cet épisode local du conflit de 1870 « vivant » , nous laisserons la plus grande place à ceux qui ont vécu ces journées terribles et qui ,dans les années qui suivirent, en firent la relation dans leurs mémoires . Sous des formes d’expression différentes tous racontent la même chose , ce qui donne ce caractère d’authenticité qu’un résumé ne saurait traduire . Ce sont des extraits de ces mémoires et souvenirs d’époque que nous reprenons pour décrire le mieux possible l’ambiance et les conditions de l’abandon et de l’évacuation du Plateau d’Avron.

NUIT du 28 au 29 Décembre 1870

Dans la soirée du 28 le tir des batteries prussiennes avait pratiquement cessé et comme la veille il y eut un grand silence . Toutefois l’ordre de l’évacuation du Plateau d’Avron étant parvenu , la mise en place des opérations de rapatriement de l’artillerie vînt rapidement rompre ce silence. En dépit de toutes les précautions prises par nos troupes qui oeuvraient dans le noir , les Prussiens finirent par être alertés et sans savoir de quoi il retournait ils ouvrirent le feu sur le Plateau d’Avron …à tout hasard !! Pour maintenir notamment le moral des « parisiens » enfermés dans la capitale ,une dépêche « OFFICIELLE » exprimait les choses différemment …..(cliquer sur l’image pour l’agrandir) Compte tenu de la nuit noire ils ne purent ajuster leurs tirs mais cela gêna néanmoins l’opération de replis et faisait courir un grand danger à nos soldats qui s’employaient avec précaution à dégager les munitions des poudrières et des casemates.

 

UNE EVACUATION MOUVEMENTEE

 Ce replis en pleine nuit ne se fit pas sans quelques problèmes  comme en témoigne ce récit officiel de la situation fait par le commandement en chef :

« …. Mais bientôt de graves et inévitables embarras se produisirent : une lourde pièce de marine entraîna , dans la pente glissante qui conduit à Neuilly Plaisance (1), la voiture et les chevaux qui la transportaient et alla rouler avec eux dans un ravin (2) . Sur le sommet du plateau une pièce de 24 dont l’essieu avait été brisé par un boulet , était demeurée en place . ….. / …. Le commandant en chef prévenu de ces accidents et de quelques autre de moindre importance …prescrivit de faire les efforts nécessaires pour tout emporter , de façon à ne pas abandonner le moindre trophée à l’ennemi / …. Les dépêches du colonel Stoffel ( 6h30 du matin ) et de l’Amiral Saisset ( 7h30) déclaraient que cette opération était devenue à peu près impraticable . D’ailleurs le jour avait paru et les troupes qui étaient restées sur pied toute la nuit sans avoir eu connaissance des incidents survenus , avaient commencé leur mouvement de retraite , qu’il eût été dangereux d’arrêter.On dû donc laisser les deux pièces sur le Plateau , mais après qu’il eut été décidé que la nuit suivante on irait , avec de l’infanterie,, procéder à leur enlèvement et qu’on les ramènerait à tout prix. Cette opération fût accomplie en effet avec succès et les deux pièces ramenée dans nos forts le matin du jour suivant. L’ennemi a donc prétendu à tort dans ses propres rapports officiels que les défenseurs du Plateau lui avaient abandonné deux de leurs pièces puisque nous les avions reprises le lendemain même du jour ou nous avions dû quitter Avron »

  • (1) Neuilly Plaisance à l’époque n’existait pas. Ce n’était qu’un quartier de Neuilly Sur Marne qui portait ce nom
  • (2)L’évacuation s’effectua par les carrières de gypse dont le front de taille à ciel ouvert avait plusieurs dizaines de mètres de haut et constituait de véritables ravins pour qui s’y aventurait …Alors en pleine nuit vous imaginez …

 

RECIT D’UN SOLDAT DU 8 ème BATAILLON

 Les notes souvenirs qu’a publié un garde mobile du 8 ème bataillon qui a vécu tout cela sur le terrain nous permet d’avoir une relation beaucoup moins «  diplomatique » du déroulement de cette soirée du 28 Décembre et de la nuit du 28 au 29 .

« …. Dans la soirée , nous voyons un spectacle affreux : un tombereau vient en lever les morts . Des têtes , des jambes , des bras émergent ça et là . Les infirmiers sont tellement habitués à leur sinistre besogne , qu’ils n’éprouvent aucune répulsion à l’accomplir . Un des secrétaires de l’Adjudant chargé de les surveiller me raconte qu’il a vu descendre des morts de la maison qu’il occupe : ils saisissaient les cadavres par une jambe et le bruit des têtes sur les marches de l’escalier était horrible . Eux seuls ne bronchaient pas. Vers 10 heures , arrive l’ordre de nous retirer. Les munitions manquent et la position est , nous dit-on ,intenable : cela ne nous surprend pas . Il faut agir avec précaution : ce serait folie de précipiter la retraite . Tout est contre nous : le temps clair , le froid sec , le sol recouvert de neige , la lune brillante . Nous ne saurions faire aucun mouvement sans que l’ennemi l’aperçoive et nous mitraille , comme dans la journée. Aussi l’ordre est-il précis : on évacue par groupe de cinq à six hommes. Recommandation expresse de tenir nos fusils cachés sous les manteaux ; nous en comprenons l’importance : il faut éviter le scintillement des armes . Le rendez vous général de la compagnie est de l’autre côté du plateau , sur le versant Rosny . Un petit bois épais protégera notre ralliement . Nous avançons avec difficulté : le terrain est glissant : la neige, qui s’accumule sous nos pas , rend notre marche encore plus pénible . Nous longeons une de nos batterie : les épaulements seuls subsistent . Ces braves artilleurs ont bien travaillé : le silence le plus complet a présidé à l’enlèvement des pièces . Nous rencontrons des zouaves du 4 ème Régiment. Ils sont là appuyés sur leurs armes , enroulés dans leurs manteaux , la tête sous le capuchon : quelques vieux soldats ont une longue barbe et ressemblent à des capucins. Les visages son,t éclairés par des feux , et la neige rend le tableau saisissant. Bientôt il nous faut descendre à pic pour atteindre la ligne d’exploitation des carrières de Neuilly Plaisance. La descente est comique : les uns tombent , les autres roulent . C’est dans ces carrières, ou la lumières des feux et des torches se reflète sur de belles stalactites , que nous allons passer la nuit . Les trois Bataillons de la Seine sont réunis. C’est un vacarme à ne rien entendre. En qualité de Parisiens nous sommes bruyants . Chacun fini par s’envelopper dans sa couverture . Peu à peu les cris s’apaisent ….le sommeil nous gagne. »

 Pendant cette nuit les 6 ème , 7 ème et 8 ème Bataillon de la Garde Mobile de la Seine ( soit plusieurs centaines d’hommes) tînt son cantonnement sous le Plateau d’Avron dans les galeries de la carrière . Cela a été immortalisé dans une célèbre aquarelle de M. Regamey dont une réduction gravée sur bois est parue dans « Le Monde Illustré » de l’époque .

 

 

LE 29 DECEMBRE 1870 ……

 Sous les voûtes de ces galeries la nuit sera courte pour nos soldats fourbus…..  Dans ses mémoires « notre » garde mobile du 8 ème bataillon de la Seine en témoigne  :

 « A 4 heures du matin le clairon sonne la diane . L’écho est formidable sous ces voûtes . Les sous officiers nous pressent . Nous prenons la route de Rosny pour gagner Vincennes . Nous marchons péniblement car le terrain est glissant . Les obus nous accompagnent et vont éclater ça et là , à de grandes distances . L’ennemi se doute que le Plateau est évacué et tire sur notre ligne de retraite probable. »

 Du côté officiel , un rapport confirme ce récit d’un « homme de la base »

 « L’ ennemi n’ayant pas aperçu la retraite de nos troupes , supposa que le plateau devait toujours être occupé et , à huit heures du matin , il ouvrit de nouveau un feu très vif contre nos anciennes positions . »

 Les Prussiens que l’on a toujours sous estimé …ne tardèrent pas à s’ apercevoir que nos troupes avaient quitté le Plateau d’Avron . En dépit des précautions prises le bruit de « la débâcle » n’avait pas manqué d’attirer l’attention de l’ennemi et pendant que nos troupes rejoignaient leurs positions de replis ils allongèrent leur tir depuis leurs batteries installées sur le plateau du Raincy et de Gagny. Le Général Vinoy apporte dans son livre les précisions suivantes :

«  Vers dix heures et demi , les deux bataillons du 112 ème , restés dans l’avancée du fort , partirent à leur tour pour rentrer à la redoute de Moulin Saquet .…. Enfin les régiments de la garde nationale retournèrent à Paris et furent remplacée par les divisions … sans que le tir de l’ennemi vînt les contrarier sérieusement . Le feu des Prussiens fut alors dirigé sur Rosny et Nogent , mais plus particulièrement sur le fort de Rosny , qui devint l’objectif de toutes les batteries du Raincy et Gagny tirant par-dessus le Plateau d’Avron . »

 

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