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BOMBARDEMENTS du 28/29 DECEMBRE 1870  

UNE SURPRISE TOTALE VECUE PAR UN COMBATTANT

 

 

Dans notre recherche sur ce qui s’est passé pendant les 4 derniers mois de 1870 sur le Plateau d’Avron nous continuons à retrouver des livres et documents très édifiants .

Le dernier livre en date que nous avons découvert concerne le « SIEGE DE PARIS » écrit en 1871 , dans lequel le dernier chapitre intitulé « Chapitre X et Dernier . LE BOMBARDEMENT – LA CAPITULATION »

Après l’article du Journaliste de la page précédente qui était optimiste quant à la supériorité de notre stratégie et de notre artillerie ….ce document est le témoignage d’une totale impréparation de nos troupes au moment du bombardement de fin décembre . C’est ce texte que nous reproduisons ci après ( les sous titres ont été rajoutés par nos soins pour alléger la lecture)

POSSEDER AVRON : UNE BELLE CONQUÊTE ??

« Il y a en avant du fort de Rosny un assez large plateau qui est protégé par ses feux, et d'où l'on commande la route de Chelles : c'est le plateau d'Avron. Dès le début de la grande affaire du 31 novembre et du 2 décembre, il avait été occupé, sans coup férir, par l'amiral Saisset, qui s'y était établi avec un corps de troupes considérable, et de là avait, en balayant la plaine à coups de canon, aidé au mouvement stratégique qui s'opérait. Depuis lors on l'avait gardé, et le gouverneur y avait installé de gros canons de marine à longue portée.
La possession de ce plateau nous avait consolés du méchant succès de la grande sortie. « On a été forcé de repasser la Marne, cela est vrai, disions-nous, mais nous avons conservé le plateau d'Avron ; il est à nous, les Prussiens n'ont pu nous l'enlever. » Les journaux nous entretenaient chaque matin de l'importance de cette position, et du rôle qu'elle serait appelée à jouer dans les événements qui se préparaient. Nous aurions dû faire une réflexion, qui était pourtant bien simple : Si l'occupation de ce plateau offre de si grands avantages, pourquoi ne s'y est-on pas établi depuis trois mois, puisqu'on le pouvait impunément, sous le feu du fort de Rosny ? Mais nous ne regardions pas si loin ; quand je dis nous, j'entends le gros public, qui ne se connaît point aux choses de la guerre, et prend pour vrai tout ce qu'on lui raconte.



Nous dormions donc bien tranquilles sur l'assurance que le plateau d'Avron était une belle conquête, et que jamais les Prussiens ne l'arracheraient de nos mains.
Le corps d'armée qui le gardait vivait également dans cette douce quiétude. Nos troupes y gelaient, car le froid était terrible, et le thermomètre, qui marquait huit ou dix degrés dans Paris, descendait à douze sur ce plateau ouvert à tous les vents ; mais de croire qu'on dût jamais être attaqué là, personne ne s'en fût avisé.

LA SURPRISE  …..

Voilà qu'un matin, au petit jour, comme nos hommes se levaient innocemment pour vaquer à leurs occupations ordinaires, tout à coup retentit un bruit effroyable ; c'est une batterie, deux batteries, trois batteries qui tirent à la fois ; les obus se croisent dans l'air, avec ce sifflement particulier que les Parisiens ont appris à connaître, et ils tombent dru comme grêle sur le plateau ; ils éclatent sur cette terre durcie par la gelée ; c'est une trombe de fer et de feu qui passe, ravageant tout.

Il y eut, à ce qu'il paraît, un premier moment de désordre inexprimable. Les soldats se sauvaient aveuglés, éperdus. On se reconnut vite. Les canonniers,avec un héroïque sang-froid, coururent à leurs pièces, afin de répondre au feu de l'ennemi par un feu égal. On abrita, du mieux que l'on put, dans les tranchées et derrière des obstacles naturels, le reste des troupes, et le duel d'artillerie commença entre nos batteries et celles des Prussiens.

UNE JOURNEE TERRIBLE


 «  Cette première journée fut terrible. Le rapport officiel donné le soir aux Parisiens n'avouait que huit tués et cinquante blessés ; peut-être disait-il vrai, mais l'effet moral fut désastreux. »

( NDLR  : voir texte de l’affiche ci contre placardée sur les murs de Paris assiégé ou il est annoncé : « Les Prussiens ont dirigé hier une attaque furieuses contre….Le Plateau d’Avron . Ils ont démasqué des batteries de siège et tenté le bombardement. Ils ont été repoussés avec des pertes considérables » !!!

« Tous ceux à qui il a été donné d'être les témoins de ce bombardement n'en parlent qu'avec une admiration mêlée d'horreur. Jamais on n'avait vu chose pareille. C'était une pluie continue de projectiles dont les éclats, lancés en tous sens, jetaient à bas hommes et chevaux, troués, déchirés d'horribles blessures. Un ciel lugubrement chargé de neige embrumait d'un voile gris cette scène de désolation. Rien pour se couvrir, que quelques fossés qui pouvaient à peine passer pour des abris. Une plaine nue, d'où l'on apercevait au loin toute l'effrayante grandeur du spectacle, et en voyant tomber un camarade, chacun se disait que ce serait bientôt son tour. Les troupes supportèrent bravement ce choc, mais il fut dès les premières heures évident qu'on ne pourrait les tenir longtemps exposées à ce feu incessant, dont la violence pouvait redoubler encore. Il eût fallu prendre un parti tout de suite ; la crainte de l'opinion publique arrêtait.

 «  Qu'allait dire ce peuple parisien, si impressionnable, si emporté aux exagérations de la critique, en apprenant que l'on abandonnait une position dont on lui avait avec tant de complaisance énuméré tous les avantages ? On demeura donc la nuit du 28 au 29 tenant bon, et s'imaginant sans doute que la patronne de Paris, sainte Geneviève, descendrait du ciel pour toucher les canons ennemis et les réduire au silence. Dès le matin, le bombardement recommença, ainsi qu'on devait s'y attendre ; moins furieux, il est vrai, que la veille, et déjà l'on s'en applaudissait, quand, dans l'après-midi, de nouvelles batteries se démasquèrent : il y en eut huit à la fois qui battirent ce malheureux plateau ; les unes tiraient de front, les autres le prenaient en enfilade, et c'étaient cette fois les fameux canons Krupp qui entraient en scène. Ils étaient placés hors de notre portée, et lançaient à coup sûr leurs obus de cent kilogrammes. Nos boulets s'en allaient mourir, inutiles, à cinq cents pas de leurs bouches. Telum imbelle sine ictu !

On conte que nos officiers, armés d'une lorgnette marine, voyaient les canonniers allemands qui, à mesure qu'un de nos boulets tombait en deçà de leurs lignes, le saluaient ironiquement, et faisaient à nos marins décontenancés des pieds de nez moqueurs.

DEMENAGER D’UNE POSITION INTENABLE


 « La position n'était plus tenable, ni pour notre infanterie, qui attendait, l'arme au pied, sous cette grêle de projectiles, ni pour nos canons, que des obus, lancés droit sur eux, démontaient en abattant les hommes de service. On attendit la nuit pour donner l'ordre de la retraite. Elle n'était ni facile ni sûre ; car les mortiers ennemis, tirant à toute volée et au jugé sur la route par où l'on devait passer, la rendaient très dangereuse, et il fallait déménager en quelques heures tout un matériel qu'on avait mis trois semaines à apporter et à établir.

Ajoutez pour comble de malheurs que la neige, durcie par le froid, n'offrait plus aux pieds des chevaux qu'une nappe de verglas. Les marins furent là héroïques et sublimes comme partout. Ils s'attelèrent à leurs pièces, et les traînèrent, sur cette glace périlleuse, sous le feu terrible des Prussiens, jusqu'en lieu de sûreté. C'était presque un triomphe que cette évacuation rapide. Mais avouez qu'il était triste d'en être réduit à ne plus compter pour victoires que d'heureuses retraites.

Le bulletin qui annonça cette nouvelle au public répandit chez nous une agitation d'esprit qu'il est facile d'imaginer. Il parlait de la Phase nouvelle dans laquelle entrait le siège et laissait entendre, de façon assez claire, que cette phase nouvelle, n'était autre que le bombardement. Il ajoutait, cela est vrai, qu'elle avait été prévue dès longtemps, et qu'elle allait modifier les conditions de la défense, sans nuire à ses moyens ni à son énergie.
Ce fut dans toute la population comme un moment de stupeur, et l'étonnement fit bientôt place à la colère. Quoi ! il y avait quatre mois que nous eussions pu occuper le plateau d'Avron ; il y avait un mois que nous l'occupions de fait, sans y avoir été inquiétés un seul jour, et l'on n'y avait fait aucun des travaux nécessaires pour s'y retrancher et pour y tenir !

IMPREPARATION ET EXCES DE CONFIANCE !!


 «   Mais les Prussiens qui avaient occupé le Bourget, sous le feu même du fort d'Aubervilliers, avaient trouvé moyen, en trois semaines, de fortifier assez puissamment cette position pour soutenir un bombardement et un assaut. Nous en savions quelque chose. Et nous, nous étions obligés, après deux jours de bombardement, de battre en retraite sans avoir fait aucun mal à l'ennemi, sans l'avoir vu presque ! A quoi donc songeaient nos généraux ? A quoi songeaient nos officiers du génie ?
Ce qui nous inquiétait bien plus encore, c'était le démasquement subit de tant de batteries ignorées jusque-là. Ainsi les Prussiens avaient pu, à quatre ou cinq mille mètres de nos lignes, établir des travaux gigantesques sans que nous en eussions le moindre soupçon, sans qu'aucun éclaireur vînt nous en avertir. Ah çà ! mais qui nous répondait que ces batteries, découvertes à l'improviste, étaient les seules, qu'elles ne formaient pas comme une ceinture autour de Paris, qu'au premier jour, elles n'ouvriraient pas un feu terrible sur toute l'enceinte ? Ce feu, j'en prends à témoin tous les Parisiens qui me lisent, on ne le redoutait pas, on l'attendait avec une mâle résignation ; mais on sentait redoubler son angoisse à savoir que nos généraux n'en avaient rien prévu, qu'ils étaient aussi surpris que nous-mêmes, qui étions pourtant bien excusables, car on n'avait cessé de nous bercer d'illusions vaines.


Nous repassions en nos esprits l'histoire de tous les sièges passés. Nous y trouvions toujours que les assiégés troublaient sans cesse les travaux des assiégeants, qu'ils détruisaient les ouvrages, enclouaient les canons ; qu'aux terrassements, aux tranchées et aux parallèles, ils opposaient des parallèles, des tranchées et des terrassements ; et nous, nous n'avions rien fait, ou plutôt, on ne nous avait rien fait faire, que deux ou trois grandes sorties de parade. Et puis, tout à coup, voilà que nous étions foudroyés par une effroyable quantité de batteries, sorties de terre, comme un truc de féerie qui jaillit d'une trappe.
Ces batteries, on nous les dépeignait, avec force détails, dans leur formidable et ingénieuse complexité. Elles étaient à trois étages, enterrées sous des épaulements qui les protégeaient contre nos obus, disposées sur des rails, de façon à changer de place et à tromper ainsi les observations des pointeurs ennemis. Les servants se cachaient, comme les taupes, dans des trous artistement creusés, et, ne se découvrant jamais, ne couraient aucun risque.

LE DEPIT DES COMBATTANTS


 »- Ah ! ce sont des malins ! ... s'écriaient les reporters militaires en terminant. Et nous, nous ne pouvions nous empêcher de nous dire : Est-il donc si difficile à nos officiers d'artillerie d'être des malins, eux aussi !

Toutes ces idées paraissaient fort simples ; pourquoi ne les ont-ils pas eues les premiers ? ou pourquoi, les voyant mettre en pratique par des adversaires plus malins qu'eux, n'ont-ils pas eu la malice de les imiter tout de suite ? Et nous nous sentions, en nous-mêmes, un secret dépit de notre ignorance ; les gens du métier ne nous répondaient qu'en haussant les épaules, avec un air de mépris superbe, et nous enragions de notre impuissance à les convaincre. Ils nous perdaient, la chose n'était que trop évidente; mais il n'y avait qu'eux encore pour nous tirer de là ; nous étions assez avisés pour le
reconnaître, et nous leur répétions, joignant les mains, avec toutes sortes d'objurgations, les unes tendres, les autres aigres, d'autres désespérées et même furieuses : Faites quelque chose... nous ne savons pas quoi... ce que vous voudrez... mais, pour Dieu ! faites quelque chose.
Faites quelque chose ! répétaient à M. Trochu ses conseillers, ses amis, et jusqu'à ses collègues, qui sentaient monter, non sans quelque inquiétude, le flot de l'indignation populaire. Le bruit de dissentiments graves qui auraient à ce propos éclaté entre les membres du gouvernement faisait sourdement son chemin dans le public, et Trochu, qui n'était jamais en reste de proclamations, prenait aussitôt la plume : il écrivait ,écrivait,écrivait…..
« Je déclare ici, disait-il un jour, que nous sommes, dans les conseils du gouvernement, tous étroitement unis en face des angoisses et des périls du pays, dans la pensée et dans l'espoir de sa délivrance » ; et une autre fois, ce mot d'une emphase si malheureuse lui échappait : « Rassurez-vous : le gouverneur de Paris ne capitulera pas. » On était pris, à lire ces niaiseries par trop bretonnes, d'une impatience bien naturelle. Il ne s'agissait pas en cette affaire du gouverneur de Paris, mais de laville elle-même.

NDLR / : Sans commentaires sur ce constat …..et ces réflexions pertinentes et de bon sens d’ un homme de terrain. Les politiques seront toujours les mêmes … en 2007 qu’en 1870 … Aujourd’hui c’est « Rassurez vous ….on s’occupe de tout » …. à la place de l’ancien « Dormez en paix braves gens … » du moyen âge mais les résultats sont les mêmes

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