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G U E R R E 1 8 7 0

R E C I T PAR LES P R U S S I E N S

DU BOMBARDEMENT d’ AVRON

des 27/28 DECEMBRE 1870

Dans les pages précédentes le bombardement du Plateau d’Avron de fin décembre 1870 , est relaté avec beaucoup de détails dans les récits de soldats français qui l’ont vécu et que nous avons repris en extraits . Quoi de plus « officiel » que ces récits d’époque qui se complètent et se confirment les uns les autres ….dans la description de l’horreur …. mais nous n’avions là , pour authentiques qu’ils soient, que des récits de français…. et comme dit le proverbe :  « qui n’entend qu’un son …n’entend qu’une cloche »….. ;

Les Prussiens pour lesquels ce bombardement aura été à l’époque une victoire militaire importante dans leur marche sur la capitale française , ont relaté les circonstances de cette victoire dans divers documents militaires ou livres. Nos recherches nous ont permis de découvrir une revue allemande d’époque dans laquelle figure un court récit « journalistique » qui décrit les. préparations du bombardement et le bombardement lui même mais également le constat établi par un reporter anglais sur l’état des lieux après le bombardement .

On remarquera que dans cet article le journaliste prussiens ne manque pas de valoriser l’action et la supériorité des troupes allemandes . Toutefois la reprise dans cet article du rapport d’un observateur anglais qui avait été dépêché par les belligérants sur le Plateau d’Avron pour faire un état des lieux après l’abandon du site par les français, nous apporte de nombreux détails quant à la situation du plateau après le pilonnage des obus prussiens .

Nous découvrons également que le nombre des morts dans les troupes françaises était plus important qu’annoncé par l’Etat Major français . Un regard inédit sur ces derniers jours de Décembre 1870 .

Cet article était accompagné d’une gravure pleine page montrant le camp français totalement anéanti avec comme légende « Batterie Française abandonnée sur le Mont Avron ». On y reconnaît parmi les corps enchevêtrés , des uniformes de zouaves et d’infanterie . C’est cette gravure peu connue que nous nous sommes procurée et que nous reproduisons ci-dessous

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous reproduisons ci après l’article du journaliste prussien que nous avons fait traduire . (NDLR : les sous titres et illustrations ont été ajoutés par nous pour alléger la lecture)

 

SITUATION DU MONT AVRON

«  Courant décembre ont commencé les préparations allemandes pour la construction des batteries contre le Mont Avron ……. (le journaliste fait ensuite la description détaillée de la situation géographique des lieux que nous ne reproduisons pas ici car elle ne présente pas un intérêt particulier).

Au nord et à l’Est du plateau se trouvent les Forts de Romainville ,Noisy , Rosny et Nogent , construits en quadrangulaire ; au milieu les retranchements de Noisy , Montreuil , de la Boissière et de Fontenay facilitent l’enfilade des vastes localités pentues , capables de se défendre . L’Est de ces fortifications est encore dans le territoire efficace du feu au milieu de cette chaîne s’élève la colline du Mont Avron qui domine la vallée de la Marne . Sa surface supérieure était couverte sur environ 400m par des maisons de campagne . Uniquement la partie nord-ouest était bâtie. »

LES PREPARATIFS PRUSSIENS

« Arracher le Mont Avron aux français était d’autant nécessaire qu’il menaçait avec ses plus de 70 pièces d’artillerie lourde les positions des saxons et des bade-wurtemburgeois ( souabes) . On a apporté 76 canons pour établir un siège et construit 10 batteries devant le front des saxons et 3 batteries dans la position bade-wurtemburgeois près du village de Noisy . Pour le transport des munitions et des ponts on a utilisé 600 chars agricoles ainsi que tous les attelages disponibles du IV ème et XII ème corps de la division bade-wurtemburgeoise .

Le matériel nécessaire à la construction des batteries ont été fournis par les forêts des environs . Des milliers de mains diligentes ont travaillé jours et nuits et le 26 Décembre les pièces d’artillerie et les batteries étaient prêtes . »

 

DECLANCHEMENT DES TIRS D’ARTILLERIE

« A l’aube du 27 Décembre ont été abattus les derniers arbres et buissons qui ont caché aux français les préparatifs, la constructions des batteries et la mise en place des canons. Malgré une forte chute de neige qui empêchait la visibilité , le Colonel Bartsch a donné l’ordre d’attaquer et d’ouvrir le feu .
A 8h30 ,il y avait des éclairs tout au long de la ligne. Pour la première fois les lourds canons devant Paris ont élevé leur terrible voix et ont envoyé leurs obus aux défenseurs totalement surpris du Mont Avron. Bientôt ont répondu les batteries du Mont Avron, l’artillerie des Forts de Nogent , Rosny et du retranchement de Fontenay. Les conséquences étaient relativement insignifiantes pour nous, tandis que l’artillerie allemande qui pilonnait tout le haut du plateau du Mont Avron causait d’importants dégâts à l’ennemi. En haut de ce plateau était positionné la Division d’Hugues et dans leurs rangs éclataient nos obus et en peu de temps ils ont déchiqueté 10 officiers et plus de 100 hommes . La position était intenable pour les français et la division totalement dispersée cherchait la protection derrière les tirs du Fort de Nogent . Le bombardement a continué toute la nuit entrecoupé de quelques pauses .
Le 28 Décembre le feu des français diminuait pendant que les projectiles allemands éclataient sur le plateau du Mont Avron avec grand succès grâce à la précision des tirs rendue possible par un temps devenu plus clair .

L’ABANDON D’AVRON VU COTE PRUSSIEN 

NDLR : On constatera à la lecture de ce qui suit dans cet article , que les prussiens étaient particulièrement bien informés de la situation sur le Mont Avron

« Le gouverneur de Paris , le Général Trochu , est venu en personne sur le Mont Avron pour se convaincre que la position n’était plus tenable. Il donna alors l’ordre aux troupes françaises d’abandonner la place. Le Colonel Stoffel ( connu pour son action contre l’armée prussienne) fit exécuter cet ordre avec énergie. Les chevaux emportaient péniblement les lourdes pièces d’artillerie sur des chemins gelés bombardés par nos obus. Les soldats de la marine s’attelaient également devant les canons et pour les emmener. Le matin du 29 décembre tout le matériel avait été évacué par les français et notre division de l’armée de la Maas , s’étant avancée sur le haut de la colline y trouvèrent un grand nombre d’obus de modèles différents et seulement un canon inutilisable  ; (*)L’image de la page 465 montre nettement du résultat dévastateur des obus allemands sur le Mont Avron, elle montre une batterie française abandonnée et des corps enchevêtrés .

(*) NDLR  : en fait les soldats allemands ont fait une tentative d’occupation du Plateau après l’évacuation mais ils ont été repoussés par les tirs des Forts de Nogent et de Rosny . Les français avaient bien abandonné un canon qu’ils sont venu rechercher le lendemain comme on a pu le lire dans certains récits de soldats français des pages précédentes.

LE CONSTAT D’UN JOURNALISTE ANGLAIS

«  Après sa visite des positions françaises abandonnées , un reporter de guerre anglais décrit ce qu’il voit avec émotion en  ces termes : «  -- Lorsque nous étions à mi-hauteur de la colline nous avons rencontré la ligne de vedette française (*) qui nous fournissait la preuve de l’importance les français donnaient au Mont Avron. Il y avait des barricades , des tranchées , bref toutes les règles de précaution qui nous ont appris combien de sang allemand il aurait coûté de prendre la position par les troupes à pieds, position sur laquelle nous étions maintenant paisiblement debout au clair de lune. En restant toujours sur la gauche de ce plateau nous arrivons sur la crête de la colline face au plateau de Montfermeil dont les crêtes étaient marquées par des batteries et devant nos yeux s’étalait un spectacle comme la fantaisie la plus sauvage n’aurait pu se l’imaginer. Le sol était déchiqueté par les obus , les stands de tir étaient détruits , mais pas un seul canon était abandonné.

(*) NDLR :c'est-à-dire des militaires en avant-garde de reconnaissance pour éviter que les prussiens prennent pieds sur le Plateau d’Avron.

Un spectacle d’horreur….

Si les français ont apporté toute leur attention a emporter l’ensemble de leur matériel d’artillerie , ils n’ont pas pu, ou voulu, avoir la même attention vis-à-vis de leurs morts. En trébuchant sur un petit bloc de glace on découvrait en regardant de plus près qu’il s’agissait de sang humain coagulé. Derrière les batteries et à l’intérieur des casemates les morts gisaient entassés les uns sur les autres ,et quels morts !

Celui qui a participé à cette guerre soit comme soldat , soit comme observateur , a dû être habitué peu à peu à la vue de ces morts , de manière que l’horreur naturellement éprouvée à la vue du sang était maintenant surmontée et on le regarde avec un sourire plein de pitié  ; mais l’aspect de ces morts dépasse tout ce que j’ai pu voir d’horrible depuis que j’ai été pris de terreur à la visite du premier champ de bataille.

 « Ces cadavres n’ont pas trouvé la mort par une petite balle de fusil, laquelle ne défigure pas à moins de frapper directement au visage , ils ne sont pas morts non plus d’un coup de sabre des dragons ou par un coup de baïonnette , mais étaient déchiquetés par l’explosion de la poudre et du et fer provenant des terribles projectiles lourds expédiés par les prussiens » .

« J’ai vu un mort à qui un éclat d’obus a séparé la tête du tronc , comme si la guillotine avait effectué son travail . Mais pourquoi s’attarder sur ces détails sur un tel sujet ?? C’est assez que les morts français abandonnés, non enterrés et avec des visages terriblement défigurés gisaient sur la neige colorée par leur sang , couverts de flocons de neige tombés après que le destin les a rattrapé . Et quand trouveront-ils leur tombe ?? Quand les pâles visages de ces morts ne regarderont-ils plus la lune comme une protestation muette mais quand même éloquente contre cette institution que nous appelons « guerre » ??

« Quand seront enterrés les restes humains dans cette bonne terre mère sur lequel le, pied trébuche maintenant ??? pas encore , cette terre devenue dure comme la roche par le gel , les mains des hommes ne peuvent pas creuser de tombes . Les cadavres sur le Mont Avron devront rester jusqu’au dégel et combien de temps cela prendra-t-il , personne ne les sait.

«  Le groupe qui était assis en cercle , autour du feu , lorsque les obus prussiens sont arrivés pour les expédier dans un autre monde, devra encore rester là comme une horrible moquerie sur l’hospitalité et la sociabilité . En regardant depuis une certaine distance on pourrait croire que les personnages du cercle étaient amicalement couchés ou assis et mangeaient ensemble un plat dans la même gamelle. En regardant de plus près , même le guerrier le plus endurci s’éloigne avec horreur de cette image de destruction –«   ( fin de citation l’article du reporter anglais et reprise de son article par le journaliste allemand )

«  Dans les jours suivants les batteries allemandes , débarrassées de la menace des troupes du Mont Avron , ont pu diriger leur feu exclusivement contre les forts de Rosny et de Nogent , lesquels souffraient énormément.

« L’artillerie allemande d’occupation du front a obtenu ce succès avec de petites pertes de 11 morts et 22 blessés . Elle sera désormais utilisée pour combattre les fortifications devant la capitale , particulièrement contre les aménagements de consolidation formés fin décembre près de Bondy…. »

Avec le récit du reporter de guerre anglais on imagine sans difficulté toute l’horreur de l’après bombardement que l’on n’a pas retrouvée dans les récits des soldats français . Pudeur ? Honte ?où la fuite précipitée des lieux , en partie de nuit, n’a-t-elle pas permis de s’ « attarder » sur l’abandon des morts . Plus tard , « après le dégel » ,tous ces corps ont été rassemblés dans des fosses communes dans le cimetière de Neuilly Sur Marne et plus tard encore , sur souscription publique auprès des avronnais fut érigé sur le Plateau d’Avron un monument dédié aux morts de cette terrible fin décembre 1870 . Les restes de soldats inconnus ont été ensevelis sous le monument élevé sur l’emplacement d’une ancienne batterie de canon/mitrailleuse qui avait la Marne , Champigny et Noisy le Grand sous son feu (Voir la page sur le monument)

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