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COMMEMORATION AU MONUMENT DE 1870

DU PLATEAU D’AVRON   

MANIFESTATION PATRIOTIQUE AGITEE. Décembre 1899  

LE MAIRE DREYFUSARD FUIT DEVANT LES PATRIOTES

 Nous avons le plaisir de reprendre ci-dessous un long article de presse paru dans le quotidien du 7 Nivose …c'est-à-dire le 27 Décembre 1899 qui faisait sa « UNE » sur une manifestation patriotique qui s’était produite au Plateau d’Avron lors de la commémoration au monument élevé à la mémoire des morts de la guerre de 1870 sur les lieux même des combats .

La commune de Neuilly Plaisance n’avait que 7 ans et la municipalité et son maire qualifiés de « dreyfusard » font dans cet article l’objet d’une attaque en règle . La relation des faits mérite l’attention sur l’ambiance très politisée entre « dreyfusards » et partisans de Déroulède ..

L’époque est très marquée par l’agitation politique autour de l’ « affaire du capitaine Dreyfus » qui venait d’être condamné et qualifié de traître à la nation et l’opposition dont Paul Déroulède meneur des patriotes … « hostiles au traître » et donc opposés aux dreyfusards qui militaient pour l’innocence du condamné.
Chacun a en mémoire les grandes lignes de cette affaire aussi nous nous limiterons à donner en fin de page quelques indications succinctes sur Paul Déroulède ,fondateur de la Ligue des patriotes , et qui fût lui-même emprisonné pour ses prises de positions et son opposition virulente au gouvernement .

Enfin le style journalistique de l’époque mérite tout autant l’attention que la formulation de la relation partisane des faits. Bonne lecture .

TEXE DE L’ARTICLE

« « AU PLATEAU D’AVRON

 

Le bombardement du 27 Décembre 1870 – L’Armée acclamée – La goujaterie d’un maire dreyfusard- Grandiose manifestation patriotique

 

A NEUILLY PLAISANCE

Comme chaque année , les patriotes avaient été invités à venir célébrer l’anniversaire du combat sanglant auquel assistait l’ancien ministre de la guerre ,M.Cavaignac. Le rendez-vous était fixé à une heure de l’après- midi devant la mairie de Neuilly Plaisance. Le temps affreux du matin avait empêché quelques sociétés de se rendre à cet anniversaire patriotique. Malgré cela ,à une heure l’affluence est déjà nombreuse et la pluie ayant cessé, les sociétés commencent à arriver et à se regrouper . Les patriotes qu’exaspèrent les insultes des sans-patrie contre l’armée étaient venus en nombre plus imposant que l’année précédente. Ils se massent derrière la couronne du Drapeau qui porte ces inscriptions : « Aux soldats morts pour la Patrie. L.D.P. »

Notre ami Léon Dumonteil qui avait reçu une invitation de la municipalité et représentait le vaillantpatriote Paul Déroulède, était à leur tête. A côté de lui M.Poinsignon, conseiller municipal, patriote et républicain de Neuilly Plaisance et MM.Ferdinand Le Menuet et Fillau ,administrateur et gérant du « Drapeau ». Nous distinguons la Société nationale de sauvetage avec son vice président M. Barthélémy, le choral de Rosny sous Bois , la Société d’instruction militaire du Raincy, les pompiers de Ville-Evrard et de l’asile de la même localité, de Brie-sur-Marne, les 8 ème,16 ème et 178 ème sections des Vétérans des armées de terre et de mer , la section de Villemomble avec une palme, la Société de sauvetage de Saint Ouen, la Société musicale de Gagny, celle de Rosny sous Bois, les conscrits de Neuilly Plaisance et de Gagny.

Mais déjà on s’aperçoit du zèle dreyfusard de la municipalité à laquelle la dictature Dreyfus avait donné des instructions. Le brigadier de gendarmerie veut faire enlever des chapeaux des patriotes lesétiquettes si connues maintenant portant : Vive Déroulède !

Un habitant patriote de Neuilly Plaisance s’indigne de cette tyrannie , demande des étiquettes et les colle sur les piliers de la grille qui entoure sa maison et sur la grille elle-même.

Tous les patriotes acclament Paul Déroulède.

Enfin le cortège se met en marche , précédé par la musique du 31 ème de ligne.

Le Préfet de Seine et Oise Poirson avait envoyé, on ne sait pourquoi, sans doute pour le représenter , un agent de police auquel il a délivré , parait-il , le titre de pompeux de secrétaire général adjoint de la préfecture .

Devant la municipalité marchent notre ami Goussot , député de la circonscription voisine et M.Aimon, deputé de l’endroit. On chemine en acclamant sur tout le parcours l’armée nationale et Paul Déroulède, et on arrive sans incident devant le monument avec la grande majorité de la population qui délibérément s’est mise avec les patriotes.

 AU MONUMENT

Le maire dreyfusard Fichot , dont nous signalerons tout à l’heure le triste rôle, prend le premier la parole,et dans une allocution néo-patriotique , invite les orateurs à ne pas aborder la politique .

 LES DISCOURS

Après lui , M. Aimon, député, prononce un discours en lequel il célèbre la mémoire des soldats mortspour le pays, rend hommage à l’armée nationale et laisse entendre , sans appuyer , qu’on a essayé de diminuer la force morale de nos soldats , qui vaut celle des canons et des fusils , quelque perfectionnés qu’ils soient .

DISCOURS DU CITOYEN GOUSSOT

La parole est ensuite donnée à notre ami Goussot, député de la Seine.

Il retrace tout d’abord les évènements de 1870 avec leur physionomie : Nous avons assisté,dit-il, à des spectacles dont nos yeux d’enfants garderont l’inoubliable vision.

Les régiments , qui allaient s’embarquer pour gagner la frontière,étaient suivis par des centaines de gamins, Baras en herbe, qui mêlaient leurs jeunes voix à celle plus puissantes des citoyens chantantune Marseillaise dont la France depuis 1848 avait perdu le souvenir. Puis c’était les moblos mêlés confusément sur les places publiques aux gardes nationaux.

Après un saisissant tableau des évènements de l’époque l’orateur parle de la reconstitution de notre armée. Il apporte son tribut d’hommages à tous ceux qui ont coopéré à la reconstitution de nos forces nationales. Puis faisant allusion à l’odieuse affaire Dreyfus , il ajoute que sans faire de politique , il est de son devoir de constater que depuis deux années , des hommes ont jeté des ferments de division entre les meilleurs Français , en portant une main criminelle sur nos forces nationales ( Cris de :Vive l’armée ! A bas les traîtres !)

La justice , continue l’orateur , s’est prononcée deux fois. Je demande à ces hommes quel est leur but en continuant leur œuvre de haine et leur campagne néfaste pour la France . Mais je laisse de côté cetriste spectacle, car l’armée sortira plus forte et plus aimée des épreuves qu’elle a traversées, et la nation plus étroitement unie dans sa défiance de l’étranger et dans ses espérances patriotiques .

 A ce moment toute l’assistance applaudit notre ami Goussot . Les cris  : Vive Rochefort ,Vive Déroulède ! A bas les panamistes ! Conspuez Loubet ! » jettent la municipalité dreyfusarde dans la consternation.

L’orateur en terminant, invoque devant le monument ou sont tombés les défenseurs de la patrie en 1870, le souvenir des soldats du Transvaal, qui, puisant leur force dans le sol natal qu’ils cultivent et dans leur pauvreté , défendent héroïquement leur liberté menacée par la puissante et riche Angleterre. Ce magnifique discours est applaudi frénétiquement et les assistants font une ovation grandiose aucitoyen Goussot.

D’autres allocutions sont prononcés par MM. Cornu, président de la section de Neuilly Plaisance ; Levêque , président général des vétérans ; par deux délégués des conscrits de Neuilly Plaisance et de Gagny , et par le président du groupe fraternel républicain .

 GRAVE INCIDENT

La parole est alors donnée à M. Léon Dumonteil , représentant de Paul Déroulède. Sa présence à la tribune est accueillie par les cris : « Vive Déroulède ! »

-- Je suis venu apporter , dit-il , aux vaillants qui sont morts pour la patrie et reposent ici , le salut d’un bon Français , d’un incontestable républicain , d’un vaillant patriote parmi les vaillants , le salut dePaul Déroulède , prisonnier des Parlementaires , à la Santé.

Le maire Fichot à ce moment intervient et fait un signe. Aussitôt, la musique du 31 ème joue la Marseillaise et couvre la voix de l’orateur. Alors des cris d’indignation s’élèvent de tous côtés. On crie à l’administrateur général du Drapeau :

-- Ne descendez pas de la tribune . Nous voulons vous entendre. Nous attendrons mais vous parlerez quand même.

M. Léon Dumonteil reste à la tribune. Cependant le maire Fichot est vivement houspillé par les patriotes.

-- C’est indigne , lui crie-t-on, vous faîtes là une triste besogne.

Tous les poings sont tendus vers ce dreyfusard gouvernemental , que ses cheveux gris protègent contre l’indignation de la foule. La musique a terminé et M. Léon Dumonteil continue :

-- Le pays, s’écrit-il, avait et a encore une armée forte , une armée qui était jadis respectée et faisait regarder l’avenir avec confiance. Alors est survenue cette affreuse campagne en faveur d’un traître deux fois condamné par ses pairs , campagne qui a fait plus de mal à la France que les espions jetés chez nous par l’étranger. Mais nous espérons quand même ; lorsque ce gouvernement ignoble aura disparu , lorsque les ennemis de l’intérieur seront terrassés la France reprendra le cours de ses destinées ; elle redeviendra forte et respectée à l’intérieur comme à l’extérieur. Vive la France !Vive la République du peuple ! Vive Déroulède 

Les patriotes très nombreux , l’entourent , lui serrent les mains tout en criant : « Vive Déroulède ! Conspuez Loubet ! A bas les dreyfusards ! A bas les traîtres »

LE RETOUR

Le maire Fichot a fui .

Les patriotes groupés s’acheminent vers la gare de Rosny sous Bois, devant laquelle ils trouvent des gendarmes à cheval et une troupe de police suburbaine. Toutes ces forces avaient été mobilisées à la hâte sur l’ordre d’un sous-mouchard cycliste expédié par le secrétaire général adjoint( !) du Préfet Poirson. Pendant que les manifestants envahissent le train qui vient d’arriver , des gendarmes à pied surviennent au pas de gymnastique.

Les patriotes continuent à crier :   «  Vive Déroulède ! Vive Rochefort ! Conspuez Loubet ! » .

La manifestation continue sur tout le long du parcours et à l’²arrivée dans la gare du Nord . De nombreux agents avaient été envoyés par le Préfet Lépine ; mais ils n’ont eu naturellement rien à faire et leur rôle s’est borné à faire circuler de bons Français un peu trop vivement, suivant les ordres reçus . » ( Fin de l’article )

 

QUELQUES PRECISIONS POUR BIEN COMPRENDRE LA SITUATION EN 1899

Qui était Paul DEROULEDE….. ??

Engagé dans les chasseurs à pied en 1870, Paul Déroulède (1846-1914) servit vaillamment, fut décoré et quitta l’armée avec le grade de lieutenant. En 1872, il publia les Chants du soldat, poésies inspirées par l’idée de la Revanche, et suivies des Nouveaux chants du soldat (1875). L’un des fondateurs de la Ligue des patriotes en 1882, il fit une campagne en faveur du général Boulanger. Elu député d’Angoulême en 1889, il donna sa démission en 1892. Réélu député dans la Charente en 1898 comme partisan de la république plébiscitaire, il tenta, en 1899, d’entraîner à l’Elysée le général Roget, pour renverser la république parlementaire, et il fut arrêté. Il fut condamné à dix ans de bannissement (1900). Il s’établit à Saint-Sébastien (Espagne) et ne rentra en France qu’après le vote de la loi d’amnistie du 2 novembre 1905. Dès lors, il se consacra exclusivement à ses fonctions de président de la Ligue des patriotes.

Qui était Emile LOUBET… ???

 

 Dans l’article paru dans l’Intransigeant de Décembre 1899 les patriotes demandent à la foule de « conspuer » le nom de Loubet . Il s’agit d’Emile LOUBET l’ancien Président du Sénat , qui fut élu 8 ème Président de la République par le congrès réuni à Versailles le 18 Février 1899. Cette élection eu deux répercussions immédiates : Paul Déroulède tenta sans succès de faire un coup d’Etat pour renverser la 3 ème République…ce qui lui valut d’être emprisonné à à la commémoration au monument aux morts du Plateau d’Avron tient au fait que , républicain modéré , Loubet n’a jamais pris position pour ou contre le dossier Dreyfus …ce qui lui valut alors d’être catalogué comme « dreyfusard » et cible des patriotes .

 

LES COMMEMORATIONS DU DEBUT DU 20 ème Siecle

 Nous avons vu dans l’article de presse de 1899 repris ci-dessus que les commémorations annuelles autour du monument aux morts de 1870 au Plateau d’Avron et à la gloire des combattants , déplaçait de nombreuses personnalités mais aussi de nombreux habitants

Cette commémoration se renouvelait chaque année …avec moins de passion mais avec tout autant de patriotisme . Les journaux et hebdomadaires faisaient état , chaque année, de la célébration de cette commémoration et illustraient leurs articles de photos ou dessins comme par exemple le N° du 29 Décembre 1898 de l’hebdomadaire «  LA VIE ILLUSTREE » qui publiait sur une page entière le dessin que nous reproduisons ci contre .

Ces commémorations furent suspendues pendant la dernière guerre 39-45 sur pression de l’occupant . La ville de Neuilly Plaisance , sitôt la guerre terminée grâce à son Maire Charles Cathala ,patriote et résistant , a renoué avec cette tradition locale qui se poursuit encore 136 ans après la terrible période vécue par les soldats fin décembre 1870 . (voir page sur l’érection du monument).

Seul regret , c’est que localement les enseignants « républicains » n’informent pas les enfants sur cet épisode local d’un évènement national …comme le faisaient leurs prédécesseurs jusque dans les années 1950. Fort heureusement l’actuel Maire ,Christian Demuynck tient à perpétuer cette cérémonie qui rappelle une triste période de l’histoire de la France . Nous ne pouvons que souhaiter que ses successeurs soient animés des mêmes intentions .

 

Le monument lors de la commémoration de 2005

 

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